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Manifestations en Géorgie: un projet de loi inspiré de la Russie menace l'adhésion du pays à l'UE

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Plusieurs dizaines de milliers de Géorgiens ont manifestés dans les rues de Tbilissi, la capitale du pays jeudi, contre un projet de loi sur "l'influence étrangère" inspiré de la Russie. Ce dernier menace l'adhésion du pays à l'Union européenne.

Des drapeaux géorgiens par centaines, l'hymne de la Géorgie qui retentit... Des dizaines de milliers de personnes ont défilé, ce jeudi, dans les rues de Tbilissi, la capitale du pays. Les tensions sont montées d'un cran cette semaine avec les forces de l'ordre. En cause, un projet de loi sur "l'influence étrangère". La place principale de la ville et les routes étaient recouvertes d'une foule compacte. Parmi les manifestants, Yelena, la vingtaine, prévient: "Nous resterons ici jusqu'à ce qu'ils renoncent à cette loi parce que nous choisissons l'Europe. Nous ne nous rendrons jamais".

Les manifestants, qui descendent dans la rue depuis le 9 avril, accusent le gouvernement géorgien d'être manipulé par la Russie. Si cette loi est votée, elle obligera les ONG ou les médias qui reçoivent plus de 20% de leur financement de l'étranger à s'enregistrer en tant qu'"agent étranger" et "organisation poursuivant les intérêts d'une puissance étrangère".

Un projet de loi inspiré de la Russie

Ce projet de loi, qui a créé une bagarre au sein du parlement géorgien, s'inspire de ce qui est en place depuis 2012 en Russie. "C'est quelque chose qui a été complètement instrumentalisé pour détruire l'opposition. On vous colle cette étiquette d'agent de l'étranger", explique Cécile Vaissié, professeure en études russes à l'Université Rennes 2. Le but de cette loi est de contrôler l'opposition, selon ses détracteurs.

"Vous avez des ONG en Russie qui ont fermé parce qu'elles étaient étouffées par les amendes ou parce qu'elles étaient étouffées par les contrôles", raconte-elle.

Derrière le parti majoritaire au gouvernement, Rêve géorgien, il y aurait un oligarque financé par la Russie selon la professeure. "Le climat se tend. C'est quelque chose qui peut dégénérer assez rapidement, parce que la Russie ne va pas aimer ça", s'inquiète Cécile Vaissié.

Une première version du texte avait été abandonnée l'année dernière après des manifestations de grande ampleur. Mais cette fois, le parti au pouvoir pourrait arriver à ses fins. Malgré l'opposition de la présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, Rêve géorgien possède assez de voix pour pouvoir passer outre son veto.

L'adhésion de la Géorgie à l'UE remise en cause

Les manifestants craignent également que cette loi ne les éloigne de l'Union européenne, qui a accordé à la Géorgie le statut de candidat officiel en décembre dernier. Pour entamer officiellement les négociations d'adhésion, le pays doit néanmoins mener des réformes de ses systèmes judiciaire et électoral, accroître la liberté de la presse et limiter le pouvoir des oligarques. Mais ce texte est vu comme incompatible par Bruxelles.

"Soyons clairs: le projet de loi n'est pas conforme aux aspirations de la Géorgie à l'UE et à sa trajectoire d'adhésion, et éloignera la Géorgie de l'UE au lieu de la rapprocher", a prévenu Charles Michel, le président du Conseil européen, sur X (ex-Twitter).

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a elle aussi réagi ce mercredi sur le réseau social: "Je suis la situation en Géorgie avec une grande inquiétude", appelant le pays, qui est "à la croisée de chemins", à "maintenir le cap sur la route vers l'Europe".

Marion Gauthier (avec T.R.C.)