Migrants: comment l'Espagne est devenue la nouvelle porte d'entrée en Europe
Une visite présidentielle consacrée à l’Europe, notamment sur les réseaux européens d'électricité et de gaz. Le président français cherche des soutiens pour relancer l’Union Européenne.
Mais Madrid et Paris sont également proches sur le dossier des migrants, ayant proposé conjointement en juin la création de "centres fermés" pour gérer leur arrivée sur le sol européen.
La question est sensible en Espagne, où sont arrivés davantage de migrants qu'en Italie depuis janvier, avec 18.000 arrivées par la mer contre 6.500 pour la même période en 2017, selon l'agence de l'ONU pour les migrations (OIM).
Depuis lundi, plus de 1.500 migrants ont été secourus
A la pointe sud de l'Espagne, à Tarifa, le bateau orange des garde-côtes espagnols accoste. Assis, debout, à l’avant, à l’arrière, ce jour-là, 135 migrants sont à bord. Mais depuis lundi, plus de 1.500 migrants ont été secourus.
Les rescapés s’agitent, certains font signe que tout va bien mais d’autres ont l’air plus absent, pieds nus, la tête baissée vers l’eau, le visage fermé, fatigué, comme celui d’Ayoub: "Je me sens très mal", explique-t-il. Ce jeune ivoirien est complètement déboussolé: "Je ne sais pas où je suis".
Tous s’impatientent. Les équipes de la Croix rouge sont sur le point d’arriver, elles sont débordées. Au même moment, à 20 km de là, 200 migrants ont été secourus et ramenés dans le port d’Algésiras.
"Ça fait peur. On a peur de mourir"
Derrière les silhouettes d’hommes, on aperçoit les premiers enfants. Une petite fille dans les bras de son père d'abord, et dans la cabine, un bébé, Maël 7 mois, avec sa mère Shamy. Ils sont ivoiriens, ce sont eux qui sortent en premier du bateau: "Ça fait peur. On a peur de mourir. C’est un zodiaque très petit donc c’est difficile. Ça fait très peur", décrit-elle.
Assise à côté d’elle il y a Chanelle, une congolaise et ses trois enfants de 3, 10 et 11 ans, sains et saufs eux aussi: "Je suis très contente d’être avec eux. J’ai traversé la méditerranée, c’était pas facile mais j’ai gagné la victoire".
"Je n’ai pas voulu aller vers la Libye, c’est très dangereux"
Pendant que les garde-côtes traînent au sol les petits bateaux pneumatiques dégonflés, Channelle se remémore les 8 heures de traversée à la rame. Avant d’atteindre l’Espagne, elle a dû traverser six pays. Shamy elle, a fait une partie du voyage enceinte. Les deux mères de famille n’ont pas voulu passer par la Libye pour rejoindre l’Europe.
"Non, je n’ai pas voulu aller vers la Libye, c’est très dangereux. Plein de personnes sont mortes, même ma sœur, on ne la retrouve pas. Elle a disparu, on ne sait pas si elle est morte ou vivante mais on ne la retrouve pas. Le Maroc c’est plus proche que la Libye", explique Shamy.
"Un bateau pneumatique à moteur avec 40 personnes à bord"
Centre de secours maritime de Tarifa, les garde-côtes viennent de repérer sur leurs écrans un nouveau bateau à la dérive. Ils préviennent aussi tôt les sauveteurs en mer.
"Le bateau que vous avez aperçu, ce n’est pas un pêcheur, c’est confirmé. Il s’agit d’un bateau pneumatique à moteur et on pense qu’il y a 40 personnes à bord".
"Nous devons pouvoir répondre à cet afflux de migrants"
Tous les jours, ce sont plusieurs centaines de migrants qui sont secourus et ce n’est pas près de s’arrêter, selon Adolpho Serrano, le directeur du centre de secours.
"Evidemment nous sommes inquiets mais nous avons renforcé les patrouilles en mer ainsi que le nombre de membres d’équipage par bateau. Nous devons pouvoir répondre à cet afflux de migrants comme il se doit et aussi longtemps qu’il le faudra".
Depuis les hauteurs de Tarifa, Tanger semble si proche. 14 km de mer seulement séparent les villes et l’Afrique de l’Europe. Le mois dernier, près de 10.000 migrants ont réussi la traversée.