"On est à 4500 kilomètres, pourquoi le conflit israelo-palestinien devrait être importé ici?": le cri du coeur d'une mère de famille juive en France

Le conflit meurtrier entre Israël et le Hamas se poursuit jeudi avec des frappes israéliennes sur la bande de Gaza et des tirs de roquettes du mouvement islamiste vers l'Etat hébreu, par ailleurs confronté à un autre "front" avec des émeutes dans des villes judéo-arabes.
Et le conflit s’exporte. Des appels à manifester en France ont été partagés sur les réseaux sociaux. De quoi craindre un embrasement en France?
"Il y avait l’armée devant les écoles"
Eva, une autre auditrice des "Grandes Gueules" de Seine-Saint-Denis dont le mari est rabbin, craint ces manifestations et dénonce la délocalisation du conflit:
"En deux jours, la situation a complètement basculé. Mes enfants sont scolarisés dans une école juive et hier une rumeur a circulé comme quoi une manifestation pro-palestinienne dans le département. Tous les enseignants ont appelé les parents leur disant d’aller chercher leurs enfants. Il y avait l’armée devant les écoles. Tous les commerces juifs à Sarcelles ont fermé entre 15h et 17h", a-t-elle assuré.
"Les enfants sont sortis avec l’armée. Ce matin rebelote, on a l’armée devant les écoles. Le conflit israélo-palestinien dure depuis des années. Mais on est à 4500 kilomètres, pourquoi ce conflit devrait être importé ici ? Pourquoi est-ce qu’en tant que juif français nos enfants sortent avec des soldats ?", s’est indignée Eva.
Flambée de messages de haine
Une inquiétude partagée par Noémie Madar, présidente de l'Union des étudiants juifs de France. Au micro de RMC, elle confie voir déjà apparaître les premiers signes de tensions.
"Ce sont des messages de haine, d'appels à la violence, d'antisémitisme. On le sait, ce sont ce genre de messages qui flambent d'autant plus lorsque ça flambe dans cette région", avant de confier craindre que cette violence sorte des réseaux sociaux et se concrétise dans la rue ou dans les lieux de culte.
Quelques instants auparavant, Slim, un autre auditeur des "GG", avait confié sa volonté de manifester son désaccord avec les bombardements israéliens sur la bande de Gaza.
"Il ne faut pas tout mélanger. On est dans un beau pays qu’est la France où l’on a le droit de manifester, la manifestation n’est pas contre le peuple juif, elle est contre l’état d’Israël", a-t-il assuré alors que plusieurs manifestations sont prévues dans plusieurs villes de France le 15 mai.
D'ailleurs, ce jeudi, dans un tweet, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin annonce avoir demandé au préfet de police de Paris, Didier Lallement, "d’interdire les manifestations de samedi en lien avec les récentes tensions au Proche-Orient", en référence à la manifestation prévue samedi à 15h à Barbès
"De graves troubles à l’ordre public furent constatés en 2014. Consigne a été donnée aux Préfets d’être particulièrement vigilants et fermes", écrit le locataire de l'hôtel Beauvau.
Déjà mercredi, le président de l'Association France Palestine Solidarité, Bertrand Heilbronn, a été placé en garde à vue après un rassemblement "interdit" à proximité du ministère des Affaires étrangères.
En l'espace de quelques jours, des centaines de Palestiniens et plusieurs dizaines de policiers ont été blessés dans ces affrontements qui ont pour beaucoup eu lieu sur l'esplanade des Mosquées. Depuis, les violences se sont déplacées vers la bande de Gaza, sur laquelle Israël mène des frappes et d'où des groupes armés comme le Hamas, mouvement islamiste au pouvoir dans l'enclave palestinienne, tirent des roquettes vers Israël visant notamment plusieurs villes mixtes, juives et arabes.
Plus de 80 Palestiniens ont été tués dans ces frappes depuis quatre jours, selon le Hamas, tandis qu'Israël a rapporté la mort de sept personnes sur son territoire dans les tirs de roquettes.
La dernière confrontation entre Israël et le Hamas remonte à l'été 2014 dans l'enclave minée par le chômage et la pauvreté. Le conflit avait duré 50 jours, ravagé le micro-territoire et fait au moins 2.251 morts du côté palestinien, pour la plupart des civils, et 74 du côté israélien, quasiment tous des soldats.