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"On se dit qu'on va voter pour le moins pire": le désarroi de la jeunesse tunisienne, face aux deux candidats à la présidentielle

Sept millions d’électeurs une nouvelle fois appelés aux urnes ce dimanche. Direction la Tunisie pour le second tour de l’élection présidentielle, la deuxième depuis la révolution des printemps arabes vécue par le pays en janvier 2011, et le départ du dictateur Ben Ali.

Les 13.000 bureaux de votes ont ouvert à 9 heures, heure et les tunisiens ont le choix entre deux hommes surprises, que personnes ne voyaient au second tour.

L’homme d’affaire Nabil Karoui, sorti de prison il y a trois jours, poursuivi pour des malversations financières, et l’universitaire conservateur Kais Saied, qui n’appartient à aucun parti politique.

Au 1er tour c’est Kais Saied qui est arrivé en tête avec 18,4% des suffrages. Nabil Karoui, qui était encore en prison, avait obtenu 15,5%.

"On est en colère"

Huit ans après la révolution, ce scrutin arrive donc au moment où la Tunisie souffre toujours autant économiquement, avec un chômage et une inflation élevée, qui fragilise la transition.

La jeunesse tunisienne, en première ligne il y a huit ans pour la révolution, semble être aujourd’hui en plein désarroi. Dans ce souk, El Bey du centre de Tunis, très peu de conversation autour de ce second tour de la présidentielle

Au café, Bessem et Hassan explique pourquoi cette présidentielle n’est pas pour eux, des raisons très personnelles: "On est en colère. Je suis diplômé mais je suis au chômage depuis 2015".

"Les jeunes veulent que ça bouge et ils veulent que ça bouge rapidement"

A deux pas de là, Brahim explique l’état d’esprit général: "Ici, on se dit qu’on va voter pour le moins pire". Des jeunes, qui il y a huit ans étaient dans la rue, acteur de la révolution de Jasmin, et très très impatient, explique Slim Bouzid, de l’ONG Mourakiboun, observateur du scrutin

"Les jeunes veulent que ça bouge et ils veulent que ça bouge rapidement. Les gens pensaient que le Tunisien allait, au bout d’un an ou deux, avoir un salaire similaire aux salaires en Italie, en Espagne ou en France. Donc clairement il y a de l’impatience".

Tous ces jeunes, ne sont pas nécessairement moroses, en témoigne Abdelnasser, 30 ans: "Lorsqu’on regarde notre entourage, la Libye, l’Egypte, la Syrie, on se dit qu’on a gardé une démocratie qui fonctionne". Note d’espoir donc, pour les jeunes ici la démocratie semble un acquis, reste l’éclosion économique de leur pays.

Thomas Chupin (avec Caroline Petit)