Pays-Bas: pourquoi la victoire de l’extrême droite plonge le pays et l'Europe dans l’incertitude

L’extrême droite a remporté ce mercredi les élections législatives aux Pays-Bas. Une victoire surprise qui plonge le pays et l'Europe dans l’incertitude. Le Parti de la liberté (PVV), nationaliste et islamophobe, était donné assez haut dans les sondages mais personne ne l’imaginait en tête. Or, à 20 heures et à la surprise générale, les télés ont annoncé que l'extrême droite devenait la première force du pays. Et très largement, avec 35 sièges au parlement contre 26 pour la gauche et 23 pour le centre droit.
Ce parti est dirigé par un homme qui a bâti sa réputation sur son opposition à l’islam, Geert Wilders. Âgé de 60 ans, fondateur du Parti de la liberté et admirateur de Jean-Marie Le Pen, il est obsédé par ce qu’il appelle l’invasion musulmane. Il a organisé des concours de caricature de Mahomet, ce qui lui vaut de vivre sous protection policière. Il a été condamné pour avoir traité les Marocains de "racailles".
Il veut interdire le port du voile dans les bâtiments publics. Le manifeste de son parti proclame: "Pas d'école coranique, pas de coran, pas de mosquée. Les Pays-Bas ne sont pas un pays islamique".
Geert Wilders ne promet pas une immigration zéro, parce qu’il trouve que zéro, c’est déjà trop. Il veut un solde migratoire négatif. Pour y parvenir, il veut rétablir les contrôles aux frontières du pays, expulser les immigrants illégaux et les demandeurs d’asile syriens. Il compte aussi introduire des permis de travail pour les ressortissants européens. Un Français, par exemple, ne pourrait plus travailler aux Pays-Bas sans permis. Ce qui est contraire aux traités européens, mais cela ne le dérange pas …
Son programme prévoit aussi un référendum sur la sortie de l'Europe. Lui-même n’est pas un militant de cette sortie, mais il compte donner la parole au peuple. Un référendum contraignant, c’est-à-dire qu’en cas de victoire du oui, le pays serait obligé de quitter l’Union européenne. Après le Brexit et la sortie de la Grande-Bretagne, ce serait un séisme. Les Pays-Bas sont un pays fondateur de l’Union, l’Europe des six à l’époque. Les institutions de Bruxelles auraient du mal à s’en remettre.
Quelle coalition au pouvoir?
Mais rien ne dit ce jeudi matin que Geert Wilders sera le futur Premier ministre. Comme toujours aux Pays-Bas, aucun parti n’a la majorité à lui tout seul. Il va donc falloir former une coalition et pour l’instant, personne n’envisage de s'allier avec lui.
Donc à peu près tous les scénarios sont possibles. Comme une large coalition de la droite, de la gauche et des écologistes, contre le Parti de la liberté, qui resterait alors dans l'opposition malgré sa victoire dans les urnes.
Autre possibilité: la droite classique qui est arrivée en troisième position ce mercredi s’allie à l'extrême droite. Jusqu’à présent, ce parti a toujours refusé cette hypothèse. Mais la candidate de ce parti, pendant la campagne la campagne, n’a pas totalement fermé la porte à une coalition avec l'extrême droite. Sauf qu'à ce moment-là, elle était favorite des sondages et qu’elle s'imaginait, elle, Première ministre.
Depuis, la donne a changé, pas sûr que cette femme veuille se ranger derrière Geert Wilders. D’autant qu’elle-même est une immigrée. Elle s’appelle Dilan Yeşilgoz, elle est d’origine kurde, naturalisée néerlandaise. Les discussions entre ces deux leaders s’annoncent compliquées…
Enfin, l’autre scénario, c’est celui de la crise politique. Aucune majorité ne se dégage, le gouvernement sortant expédie les affaires courantes. Un scénario à la belge puisque la Belgique était ainsi restée plus d’un an sans gouvernement. Dans tous les cas de figure, les Pays-Bas vont traverser une zone de turbulence. Et c’est toute l'Europe qui va tousser.