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Pourquoi le scoop sur l'origine des sabotages sur les gazoducs Nord Stream est controversé

Sept mois après les sabotages sur les gazoducs Nord Stream 1 et 2, le journaliste américain Simon Hersh affirme que le coupable est Joe Biden. Un scoop d'une légende du journalisme de plus en plus controversée.

Au printemps dernier, les gazoducs Nord Steam 1 et 2 avaient explosé au fond de la mer baltique. Un sabotage en règle dont l'origine était jusqu'alors inconnue. Mais sept mois plus tard, le journaliste américain Simon Hersh affirme être en mesure de désigner le coupable: Joe Biden. Selon lui, le président américain a ordonné la destruction des gazoducs pour empêcher les Russes de livrer leur gaz aux Allemands.

Des commandos de plongeurs américains auraient déposé des explosifs au fond de la mer avec l’aide de l'armée norvégienne. Des informations qui ont été aussitôt démenties fermement par les États-Unis, alors qu’en Russie elles sont – a contrario - prises très au sérieux.

Une légende du journalisme américain…

Simon Hersh est une légende du journalisme aux États-Unis. En 1969, il est à l'origine des révélations sur le massacre de My Lai au Vietnam. Il raconte alors comment une section américaine a liquidé tous les habitants d’un village, hommes, femmes et enfants. Ce massacre fera près de 500 morts. Finalement, les militaires seront jugés et condamnés, et Hersh recevra le prix Pulitzer.

Trente-cinq ans plus tard, le journaliste publie un deuxième scoop mondial, sur les tortures de l'armée américaine dans la prison d’Abou Ghraib en Irak. En une des journaux, des photos d’une militaire américaine tenant en laisse des prisonniers irakiens nus. C’est lui qui a révélé ce scandale.

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… devenue pro-russe

Seulement, aujourd’hui, Seymour Hersh a 85 ans, et il n’a plus la même aura. Outre le fait qu'il soit, dans la vie, extraordinairement antipathique, aigri et arrogant, ces dernières enquêtes ont été très contestées et même plusieurs fois refusées par les plus grands journaux américains.

Il a par exemple nié l’utilisation d’armes chimiques par Bachar El Assad en Syrie, mais sans apporter de preuves crédibles de ce qu’il avançait. Il a aussi tenu des propos pro-russes. Pour son dernier scoop sur le sabotage américain en mer Baltique, il ne s’appuie que sur une source anonyme. Il raconte les faits comme dans un roman d'espionnage, avec moult détails. Captivant mais pas forcément convaincant.

Nicolas Poincaré avec MM