RMC
International

Qu'est-ce que le mouvement des "incels", ces hommes qui se sentent rejetés par les femmes?

placeholder video
Un homme de 26 ans, qui projetait une action violente à Bordeaux le 23 mai, a été interpellé et mis en examen. Repéré pour des messages sur les réseaux sociaux, il s'est revendiqué d'une mouvement "incel". Qu'est-ce que ce mouvement qui a déjà donné lieu à plusieurs tueries de masse aux Etats-Unis?

Un homme de 26 ans qui projetait un attentat à Bordeaux a été mis en examen et laissé en liberté. Il s’est revendiqué du mouvement “incel”. “Incel”, c’est la contraction d’“involontaire célibataire”. C’est donc une mouvance qui rassemble de jeunes hommes qui se sentent rejetés par les femmes, qui en viennent à les haïr et qui dans les cas extrêmes aux Etats-Unis peuvent commettre des tueries de masse pour se venger de toutes ces filles qui n’ont pas voulu d’eux. Pour parler plus clairement, les "incels" sont des frustrés.

Et c’est donc le cas de cet homme arrêté à Bordeaux. Il s’appelle Axel G., il a 26 ans, il est décrit comme fragile psychologiquement, mais ne souffrant pas d’une maladie mentale. Il y a une quinzaine de jours, il a publié sur Facebook un message inquiétant, accompagné d’une chanson dont les paroles disaient: “C’est armé que je donnerai rendez-vous aux filles”. Ou bien: “Je vais écraser la foule avec ma camionnette trois places”. Ou bien encore: “Faire une tuerie dans une école, cela permet parfois de décompresser”.

Sur la page Facebook de ce garçon, on le voyait aussi poser avec un pistolet à la ceinture. La plateforme Pharos, qui surveille les réseaux sociaux pour le ministère de l'Intérieur, a fait son boulot et repéré ce message inquiétant. L’auteur a été identifié et arrêté mardi chez lui, près de Bordeaux. Les policiers ont retrouvé un revolver et saisi ses ordinateurs.

Une fascination pour Elliot Rodger

En garde à vue, le jeune homme a reconnu qu’il se sentait proche des mouvements masculinistes, qu’il avait un projet de tuerie de masse, qu’il envisageait le 23 mai, c’est-à-dire ce jeudi. Il a aussi parlé de son aversion pour les femmes et de sa fascination pour un Américain nommé Elliot Rodger. Sur son message Facebook, il écrivait d'ailleurs: “Tu nous manques Elliot”.

Cet Américain, c’est l'idole des "incels". Un garçon qui avait 22 ans lorsqu’il a tué six personnes en Californie. Il avait auparavant envoyé un texte de 140 pages, pour théoriser sa haine des femmes. Il se disait aussi proche de l’ultra-droite et il détestait les noirs, les latinos, et les couples mixtes.

Il avait aussi enregistré une vidéo pour dire clairement qu'il s'apprêtait à passer à l’acte et à massacrer la “première blonde pourrie et prétentieuse” qu’il allait croiser. Puis il est effectivement passé à l’acte. Il a tué les trois garçons qui partageaient sa chambre à l’université de Californie. Il a ensuite roulé au hasard et tué deux femmes. Puis encore un homme. Puis il a encore blessé plusieurs personnes en tirant depuis sa voiture. Et finalement, il a gardé la dernière balle pour lui, et il s’est suicidé. Ces faits se sont déroulés le 23 mai 2014. C’est-à-dire il y a exactement dix ans. Axel G., à Bordeaux, voulait célébrer cet anniversaire.

Plusieurs tueries de masse

Depuis dix ans, Elliot Rodger a eu plusieurs disciples et a inspiré les auteurs de plusieurs tueries. En 2018, à Toronto, au Canada, un garçon a tué 10 personnes, dont huit femmes, en fonçant en voiture dans la foule. Il avait auparavant écrit sur Facebook, “la rébellion Incel a commencé, vive Elliot Rodger”. La même année à Parkland, aux Etats-Unis, un garçon a tué 17 personnes. Et lors de son procès, il s’est réclamé d’Elliot Rodger.

Les masculinistes se sont aussi fait remarquer pendant la dernière campagne de Donald Trump. Ils étaient regroupés au sein d’un mouvement appelé les "Proud Boys", les garçons fiers. Ils étaient notamment présents et actifs lors de l’assaut du Capitole, à Washington.

Nicolas Poincaré