Que reproche-t-on au prince Andrew, playboy déchu de la famille royale britannique?
"Fils préféré" de la reine Elizabeth II, le prince Andrew a longtemps fait figure de playboy et de militaire courageux mais sa vie a aussi été entachée de controverses, jusqu'à sa disgrâce due à ses liens avec le financier Jeffrey Epstein.
Jadis vu comme un héros de la guerre des Malouines (1982), lors de laquelle il a combattu à 22 ans en tant que pilote d'hélicoptère, le duc d'York, 59 ans, voit à présent sa réputation compromise par ses liens avec Epstein.
Le prince Andrew était un ami de Jeffrey Epstein, le milliardaire américain prédateur sexuel qui s’est suicidé dans sa prison de New York l’été dernier. Une des victimes d’Epstein accuse le milliardaire de l’avoir offerte au Prince, qui l’aurait violé trois fois alors qu’elle avait 17 ans.
Andrew d’York, nie les faits mais ne nie pas qu’il était ami avec Epstein et qu’il a continué à le voir alors que l’américain avait été condamné en 2008 pour des faits de pédophilie.
La semaine dernière, le prince a décidé d’affronter le scandale en donnant une interview à la BBC. Enregistrée jeudi à Buckingham Palace, chez sa mère la reine, et diffusée samedi sur les écrans anglais.
Et il n’aurait pas dû. Parce que le résultat a été catastrophique. Il a expliqué qu’il avait un alibi, que le soir où il est accusé d’avoir violé la jeune fille, il était avec sa fille à 50 km de Londres en train de manger une pizza. Vrai ou faux on n’en sait rien, mais l’interview a été calamiteuse. Il n’a exprimé aucune compassion pour les victimes, aucun regret pour son amitié avec Epstein. Il l’a qualifié d’homme extraordinaire et a évoqué la conduite “inconvenante” d’Epstein. L’intervieweuse a dû le couper en disant: “Ce n’est pas une conduite inconvenante, c’est un délinquant sexuel”.
Visiblement, le Prince de 60 ans ne mesurait pas l’ampleur du scandale et la gravité des accusations. L’opération de communication a donc tourné à la catastrophe.
Il a jeté l'éponge
Ce mercredi, il a publié un communiqué indiquant qu’il avait demandé à sa mère de le libérer de toutes ses obligations officielles, ce que la reine a accepté.
La situation n’était plus tenable. Plusieurs des universités dont il est le parrain envisageaient de prendre leur distance. De gros sponsors de sa fondation pour l'entrepreneuriat menaçaient de se retirer. Le scandale risquait de toucher toute la famille, il était donc temps qu’Andrew se retire.
Concrètement, il garde ses titres de Prince du Royaume-Uni, Prince d’York, comte d’Iverness et Baron de Kollyleagh. Il garde aussi les 300.000 euros par an que lui octroie sa mère, mais il va cesser de faire ce qui était son boulot 365 jours par an. Honorer de sa présence des galas, des concerts caritatifs, des congres d’anciens combattants. Bref ce qui fait le cœur du travail des Windsor.
Pour la Reine, c’est une nouvelle "Anus Horibulus"
"Anus Horibilus": c’est le terme latin qu’elle avait employé pour qualifier l’année 1992. Cette année là, trois de ses quatre enfants avaient divorcé. Ce n’était plus une famille royale, c’était un champ de ruines.
D’abord Andrew, qui s’était séparé de Sarah Fergusson parce elle avait été prise en photo en train d’embrasser un autre homme. Puis la seule fille de la reine Ann, un mois plus tard avait annoncé son divorce avec Mark Philipp.
Puis en décembre surtout, Lady Di avait officialisé qu’elle quittait le prince Charles, le futur roi. Elle avait ensuite joliment expliqué: nous étions trois dans ce mariage, cela faisait un peu trop de monde. La troisième c'était Camilla, la maîtresse du prince Charles.
A l’époque, certains avaient prédit que la monarchie risquait de ne pas se relever de cette série de scandales. Mais on connaît la suite. La reine est restée digne. Charles s’est remarié avec sa maîtresse, ses enfants ont fait de beaux mariages et de beaux enfants. L’avenir de la monarchie est assuré, à condition d’écarter le mouton noir, Andrew. Ce qui a été fait ce mercredi soir.
La Reine, soupçonnée d’avoir eu une liaison extra conjugale
C’est une série Netflix, qui le laisse entendre. "The Crown", saison 3, vient de sortir et un épisode raconte la grande amitié qui a uni la reine à Lord Porchester, dit "Porchie", l’entraîneur de ses chevaux de course. “Grande amitié” voire plus, pendant un voyage en France.
Les saisons précédentes laissaient entendre que son mari le Duc d’Edimbourg n’avait pas été très fidèle. Mais c’était un secret de polichinelle et cela n’a pas fait scandale. Alors que là, l'idée que la Reine puisse avoir été volage suscite beaucoup de débats.
La Reine, à 93 ans, reste fidèle à sa devise: "Never complain, never explain", "Ne jamais se plaindre, ne jamais s’expliquer".