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Rapatriement de jihadistes français: "les États sont obligés de protéger leurs ressortissants quoi qu’ils aient fait"

Environ 130 jihadistes français sont actuellement détenus par les Kurdes en Syrie. La France envisagerait de les faire revenir pour les juger.

La France pourrait faire rapatrier 130 jihadistes français de Syrie selon une information de BFMTV. Ces jihadistes sont actuellement détenus par les Kurdes ce qui rend leur extradition assez complexe. En effet, la zone kurde n’est pas reconnue comme étant un État ce qui rend les conditions d’extradition assez complexes. 

"On a en France des dispositions pénales qui existent pour juger les Français qui commettent des crimes à l'étranger. Le problème, c’est de les faire venir en France. Actuellement quand un Français commet un crime à l’étranger, il le commet sur le territoire d’un État et il va y avoir une convention d’extradition. Or ici, on est précisément en présence d’une entité qui n’est pas étatique. Tout ne peut passer que par de la négociation informelle avec les Kurdes", explique Thibaut Fleury Graff, spécialiste du droit international et des migrations. 

Protection diplomatique

Selon lui, même s’ils le voulaient, les Kurdes ne pourraient pas juger eux même ces jihadistes. "Ce n’est pas un état, ils ne sont pas reconnus comme tel donc ils ne sont pas tenus à des conventions internationales même s’ils prétendent respecter le droit humanitaire. Donc les jihadistes ne peuvent pas être jugés selon les standards internationaux, selon ce qu’on peut attendre d’une justice indépendante, équitable", affirme le professeur de droit.

Un éventuel retour des jihadistes qui est pourtant vu d’un très mauvais œil de la part d’une partie de la classe politique. Pourtant, la France est techniquement dans l’obligation de prendre en charge ses ressortissants.

"On peut toujours dire qu’on n'en veut pas. Il y a tout de même en droit international, une obligation pour les États de protéger leurs ressortissants quoi qu’ils aient fait, quitte à les juger après. C’est ce qu’on appelle, la protection diplomatique", indique Thibaut Fleury Graff.

Surtout, il estime que la France a intérêt à juger elle-même ces jihadistes et notamment pour ne pas laisser ces gens disparaître dans la nature. 

Guillaume Descours