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Tensions Paris-Alger sur les OQTF: "Ni la France ni l'Algérie n'ont d'intérêts dans cette situation"

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Les tensions entre la France et l'Algérie ne retombent pas. Résultat, les expulsions d'Algériens en situation irrégulière ou soumis à une OQTF sont presque impossible. Paris semble vouloir aller au bras de fer avec Alger ce qui ne serait peut-être pas la bonne solution.

La tension ne retombe pas entre Paris et Alger. Avant un Comité interministériel de contrôle de l'immigration (CICI) exceptionnel, le premier depuis 6 ans, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a annoncé mardi sur BFMTV avoir pris des "mesures de restriction de circulation et d'accès au territoire national pour certains dignitaires algériens".

Les griefs sont nombreux entre la France et l'Algérie. Pourtant le bras de fer et la fin de "la méthode douce" voulue par le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur la question des OQTF, des expulsions et des visas notamment, ne serait pas le meilleur moyen de procéder.

Appel à la "bonne volonté"

"Ni la France ni l'Algérie n'ont intérêt à rentrer dans ce genre de situation", estime ce mercredi sur RMC et RMC Story Vanessa Edberg, avocate spécialisée en droit des étrangers, qui défend des Algériens en situation irrégulière notamment.

Pourtant les expulsions de ressortissants algériens ne sont pas à l'arrêt. D'après le gouvernement, environ 2500 ont été effectuées en 2024: "Lorsque la France veut éloigner un Algérien du territoire, il lui suffit d'avoir une carte nationale d'identité algérienne pour que l'Algérie accepte de le reprendre. Il n'y a pas besoin de laissez-passer consulaire", explique l'avocate.

"J'ai vu des Algériens expulsés sans passeport valable ni laissez-passer consulaire quand les relations entre Paris et Alger étaient bonnes. C'est pourquoi tout repose sur une bonne relation, une diplomatie sereine et la bonne volonté de chacun", poursuit Vanessa Edberg.
Le parti-pris : OQTF, quelle stratégie pour la France avec l'Algérie ? - 26/02
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Des mauvaises relations qui n'arrangent pas les expulsions

Aujourd'hui, les relations se sont envenimées donc. Pour certains profils au lourd passé judiciaire, l'Algérie ne donne quasiment jamais suite: "L'Algérie n'a pas envie de récupérer des personnes avec un lourd passé judiciaire ou des problèmes psychiatriques ou des gens connus pour terrorisme", explique Frédéric Lauze, secrétaire général du syndicat des commissaires de police.

Pour permettre le retour des Algériens sous OQTF notamment, les autorités algériennes doivent délivrer des laissez-passer consulaire, chose qu'elle refuse de faire: "Ne pas délivrer un laissez-passer consulaire n'est pas normal et cela relève d'une absence de coopération liée à des problèmes purement diplomatiques et politiques entre les deux pays", déplore Frédéric Lauze.

Le gouvernement "dans la précipitation de la communication"?

Et Paris ne semble pas enclin à inverser la tendance. Le Conseil interministériel de contrôle de l'immigration qui se réunit ce jeudi pourrait envisager la révision de l'accord franco-algérien de 1968 qui facilite la venue des Algériens en France, ou réduire encore le nombre de visas octroyés à l'Algérie.

Toujours pas la bonne méthode pour l'avocate Vanessa Edberg: "Comme toujours, c'est la communication avant l'action. Le droit est incompatible avec la précipitation de la communication de notre gouvernement. Beaucoup d'erreurs ont été faites qui auraient pu être évitées", conclut-elle.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC