RMC
International

Turquie: le maire d'Istanbul a été placé en détention

Ekrem Imamoglu.

Ekrem Imamoglu. - Yasin Akgul - AFP

Le maire d'opposition d'Istanbul Ekrem Imamoglu, accusé de "corruption", a été incarcéré dimanche à la prison de Marmara, en lisière d'Istanbul, a annoncé son parti.

Le maire d'opposition d'Istanbul Ekrem Imamoglu a été suspendu de ses fonctions et incarcéré dimanche pour "corruption", quatre jours après son arrestation qui a déclenché une vague de contestation inédite en Turquie depuis douze ans.

L'édile, qui est le principal opposant au président turc Recep Tayyip Erdogan, a été conduit à la prison de Silivri, à l'ouest d'Istanbul, avec plusieurs coaccusés, ont dit son parti et des médias turcs.

Le maire, qui dénonce des accusations "immorales et sans fondement" à son encontre, a également été suspendu de ses fonctions dimanche, ont annoncé les autorités.

"Le processus judiciaire en cours (...) est une exécution sans procès", a commenté M. Imamoglu dans un message transmis par ses avocats, appelant "la nation à lutter".

Un juge avait ordonné dimanche matin l'incarcération du maire, qualifiée de "coup d'Etat politique" par le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), la première force d'opposition à laquelle appartient M. Imamoglu. Ses avocats ont annoncé qu'ils feraient appel de cette décision.

Le juge qui a ordonné le placement en détention du maire pour "corruption", a en revanche rejeté un ordre de détention pour "terrorisme".

"En route vers la présidence"

"Ekrem Imamoglu est en route vers la prison mais il est aussi en route vers la présidence", a lancé Özgür Özel, le chef du CHP. Celui-ci a maintenu dimanche la primaire qui devait faire du maire d'Istanbul le candidat de cette formation à la prochaine présidentielle, prévue pour 2028.

Le CHP a appelé tous les électeurs à y participer, au-delà donc des membres de ce parti, espérant transformer cette consultation en plébiscite.

Face à l'ampleur de la mobilisation, le CHP qui affirme que "plusieurs millions de personnes" ont pris part au scrutin a prolongé les opérations de vote jusqu'à 20H30 (17H30 GMT) au lieu de 17H00 comme initialement prévu.

Le CHP a de nouveau appelé les Stambouliotes à converger dimanche soir vers l'hôtel de ville de la capitale économique turque, pour le cinquième jour consécutif. Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées tous les soirs depuis mercredi devant ce bâtiment afin d'y soutenir M. Imamoglu.

Des dizaines de manifestations

Pour tenter d'éviter des troubles, le gouvernorat d'Istanbul a prolongé une interdiction de rassemblements jusqu'à mercredi soir et annoncé des restrictions d'entrée dans la ville aux personnes susceptibles de participer à des rassemblements, sans préciser comment il les mettrait en oeuvre.

Depuis mercredi dernier, la vague de protestation déclenchée par l'arrestation de M. Imamoglu s'est répandue à travers la Turquie, atteignant une ampleur inédite depuis le grand mouvement de contestation de Gezi, en 2013, parti de la place Taksim d'Istanbul.

Les rassemblements ont eu lieu cette semaine dans au moins 55 des 81 provinces turques, soit plus des deux tiers du pays, selon un décompte de l'AFP. Les manifestations ont débouché sur des centaines d'arrestations dans au moins neuf villes, selon les autorités.

En réponse à la contestation, le président Erdogan, qui a lui-même été maire d'Istanbul dans les années 90, a juré de ne pas céder à la "terreur de la rue", tandis que Paris et Berlin ainsi que les maires de plusieurs grandes autres villes européennes ont condamné cette semaine l'arrestation de M. Imamoglu.

LAM avec AFP