Vers une fin des accords du Touquet? "Il faut certainement en passer par une évolution"
Six jours après le séisme du référendum en Grande-Bretagne, les modalités du divorce entre le Royaume-Uni et l’Europe restent très floues. Ainsi, alors que plusieurs traités unissent les Anglais avec la France, l’un d’entre-eux fait particulièrement débat: les accords du Touquet. Ce traité bi-latéral signé en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, concerne la politique migratoire. Concrètement, depuis l’entrée en vigueur de ce traité, la frontière franco-britannique est située à Calais, ce qui permet d'entraver l'immigration clandestine au Royaume-Uni.
Refus de Hollande, Bertrand insiste
Mais, dans le contexte du Brexit, Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, demande au gouvernement de dénoncer ces accords et de remettre la frontière britannique du bon côté de la Manche. "Remettre en cause l'accord du Touquet au prétexte que le Royaume-Uni a voté le Brexit et va donc engager des négociations pour sortir de l'Union européenne n'a pas de sens", a tranché François Hollande. Il appelle néanmoins à une meilleure coopération entre les deux pays "pour améliorer la situation de ces migrants, des mineurs".
Ce jeudi sur RMC et BFMTV, Xavier Bertrand a réitéré son appel à renégocier ces accords. "Vous avez décidé de reprendre votre liberté, reprenez vos frontières", lance aux Britanniques Xavier Bertrand, pour qui déplacer les frontières à Douvres est "la seule façon d'obliger les Anglais à s'occuper du problème des migrants à Calais". Sur place, Brexit ou non, pour beaucoup, mettre fin aux accords du Touquet paraît illusoire.
"En 2003, il n'y avait pas autant de pression migratoire"
C'est le cas pour François Guennoc, vice-président de l’association l’Auberge des Migrants: "Xavier Bertrand et Natacha Bouchart (maire LR de Calais, ndlr) disent ce que leurs électeurs et futurs électeurs ont envie d'entendre à savoir l'espoir que les migrants disparaissent de Calais". Et d'estimer que "les accords du Touquet font partie d'un tout, d'un ensemble de relations où il y a d'autres enjeux que le contrôle aux frontières: le nucléaire et la coopération militaire, par exemple. On ne voit donc pas la France jeter ça aux orties sans conséquence dans ces relations avec la Grande-Bretagne".
Même pragmatisme pour Gilles Debove, délégué du syndicat SGP Police, qui milite, pour sa part, pour une amélioration de ces accords. "Ces textes ont été signés en 2003. A l'époque, il n'y avait pas autant de pression migratoire. Donc il faut certainement en passer par une évolution qui pourrait par exemple être une immigration choisie par les Britanniques ou encore par des quotas", indique-t-il. Les seuls finalement à y croire sont les migrants eux-mêmes à l'image d'Amid, venu d'Afghanistan: "S'il n'y avait plus de contrôle à Calais ce serait mieux, ce serait une chance". Et comme lui, à Calais, ils sont encore près de 4.000 migrants à rêver d'Angleterre…