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Jihadistes "manqués": un commandant de police dénonce l’archaïsme de Cheops

Pour Christophe Rouget, commandant de police, du syndicat SCSI (Syndicat des cadres de la sécurité intérieure), "les policiers français utilisent des systèmes informatiques avec des moteurs de 2CV"

Pour Christophe Rouget, commandant de police, du syndicat SCSI (Syndicat des cadres de la sécurité intérieure), "les policiers français utilisent des systèmes informatiques avec des moteurs de 2CV" - © Reuters

Après les ratés qui ont permis à trois présumés jihadistes de s'évaporer dans la nature à leur retour de Turquie, le ministre de l’Intérieur a demandé une enquête. Sur RMC, Christophe Rouget, commandant de police du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure, réclame davantage de moyens techniques et financiers pour lutter contre le terrorisme.

Après le cafouillage de mardi, qui a permis à trois jihadistes présumés de rentrer de Syrie, depuis la Turquie, sans être inquiétés, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a indiqué qu’il avait demandé une enquête administrative et qu’il se rendrait prochainement en Turquie pour éviter de nouveaux "dysfonctionnements".

Les trois hommes se sont finalement rendus mercredi à la gendarmerie du Caylar (Hérault), et ils ont décollé dans la soirée pour poursuivre leur garde à vue au siège de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Les auditions doivent débuter ce jeudi matin en présence de leurs avocats.
La faute serait à chercher du côté d'une opération de maintenance du système Cheops, qui centralise plusieurs fichiers de police.

"Le système Cheops est vieillissant"

"Les policiers français utilisent des systèmes informatiques avec des moteurs de 2CV !" s'est insurgé Christophe Rouget, commandant de police, du syndicat SCSI (Syndicat des cadres de la sécurité intérieure). Au micro de RMC ce jeudi, il a expliqué le fonctionnement de ce système : "C’est une interface qui regroupe tous les fichiers, personnes recherchées, véhicules volés… et quand un policier contrôle une personne, il utilise cette architecture pour vérifier. Ce système est vieillissant. Des années de disettes budgétaires ont conduit à développer des systèmes différents pour la police et la gendarmerie, avec des coûts multipliés par deux."

Panne ou maintenance, la raison du couac reste floue. Ce qui est certain, c'est que ce système, dans lequel étaient fichés les trois jihadistes présumés, était inutilisable mardi, et Christophe Rouget demande plus de moyens : "Les lois vont permettre d’améliorer la lutte, d'accentuer le travail contre le terrorisme, mais il faut mettre en place des moyens techniques et financiers pour pouvoir être efficace."

Claire Béziau avec Jean-Jacques Bourdin