L’euro fête ses 20 ans: quel bilan pour la monnaie unique?

Le 1er janvier, l’euro aura 20 ans. Alors, quel est le bilan pour la monnaie unique sur le Vieux continent ?

L'euro fête ses 20 ans. C'est le 1er janvier 2002 que la monnaie unique est arrivée dans la poche des Européens. L'occasion de faire un bilan. Pour commencer, une idée souvent débattue, est-ce que l'euro a fait monter les prix ? C'est vrai qu'il y a 20 ans, certains commerçants, les boulangers et les restaurateurs avaient profité du basculement vers l'euro pour augmenter leurs prix. C’est ce qu'on appelle l'effet arrondi. Ils avaient arrondi leurs prix à l’euro supérieur, mais cet effet a eu un impact très mesuré au final, car les études de la Banque de France et de l'Insee montrent que l'euro n'a pas été le facteur principal de l'inflation. Et quand on regarde sur le temps long, c'est simple : les prix ont plus augmenté à l’époque du franc que depuis qu’on a l’euro. 

Qu'est-ce que ça nous a apporté, au final, l'euro? Des échanges commerciaux facilités entre tous les pays européens et surtout, de la stabilité. Grâce à l'euro, les entreprises évoluent dans un environnement sécurisé, avec une monnaie solide, C'est bon pour le business, pour les emplois. Et même quand les économies tanguent, les économies ne coulent pas. Les Etats en difficulté peuvent emprunter de l'argent facilement pour se renflouer ou dégainer des plans d’aide massifs, comme au plus fort de la crise sanitaire. Pour le plan de relance de 100 milliards qu’on a en France, 40 milliards viennent de l’Europe, grâce à l’euro.

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Parfois de la concurrence déloyale

Alors, succès entier pour l'euro? Non, pas entièrement, car l'euro n'a pas permis aux économies de converger, alors que c'était l'ambition de départ : les Etats membres ont toujours des niveaux de richesse et des fiscalités très différentes, ce qui crée parfois de la concurrence déloyale. Exemple bien connu en France : les travailleurs détachés. Autre exemple : l'Allemagne, accusée d'avoir profité de l'euro pour exporter ses machines et écraser ses voisins européens, qui ne peuvent plus dévaluer leur monnaie pour gagner en compétitivité.

Globalement, l’euro est en bonne santé. La preuve, c’est que d'autres pays européens ont demandé à l'adopter, comme la Croatie et la Bulgarie. Et en France, l'euro a aussi gagné la bataille de l'opinion. Le thème de la sortie de l'euro ne fait plus recette, alors que c'était central lors de la campagne de 2017. Aucun candidat à la présidentielle ne s'est positionné sur cette idée, en tout cas pour le moment.

Victor Joanin