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"La police se tue": les femmes de policiers réclament "une remise en question de l’administration" après les nombreux suicides

Dans "Apolline Matin" ce vendredi sur RMC et RMC Story, Perrine Sallé, porte-parole de l'association Femmes de Forces de l'Ordre en Colère, a réclamé plus de suivi psychologique pour les policiers et une remise en question de l’administration.

Une rencontre entre Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, les syndicats de policiers et des associations de soutien, ce vendredi. Avec les suicides de policiers au centre des préoccupations, 11 membres des forces de l’ordre s’étant déjà donnés la mort depuis le 1er janvier. Pour Perrine Sallé, porte-parole de l'association Femmes de Forces de l'Ordre en Colère, "ce qui est important, c’est que des réponses fortes soient données, pas seulement des effets d’annonce, pas seulement quelques psychologues qui vont être déployés sur le terrain".

"On a à peine aujourd’hui une centaine de psychologues du service du soutien opérationnel qui s’occupent de 150.000 policiers. C’est un psychologue pour 1.500 fonctionnaires, c’est un peu délicat. Il faut un vrai suivi psychologique pour ces fonctionnaires d’Etat, demande-t-elle dans "Apolline Matin" ce vendredi sur RMC et RMC Story. Ils sont confrontés à l’horreur en permanence, avec des découvertes de cadavre, des familles éplorées, des victimes parfois grièvement blessées. Ils ont une charge émotionnelle importante qu’ils remportent à la maison. C’est difficile à gérer."

"Quand vous n’avez pas d’accompagnement, que vous vous sentez inutile, aussi bien pour vous que sur le terrain, vous ne voyez plus d’issue, explique Perrine Sallé. Et c’est à ce moment-là que le suicide pointe le bout de son nez. Les fonctionnaires attendent une réaction, un accompagnement, pour pouvoir continuer à exercer leur métier avec dignité et comme il se doit. Nous, les familles, avons peur. Les familles sont des victimes collatérales de ces suicides."

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"Redonner du sens, de l’humain, au sein de cette administration"

Pour la porte de l'association Femmes de Forces de l'Ordre en Colère, la nature des missions des policiers fait évidemment porter un danger. Mais la haine qu’ils ressentent à leur encontre est aussi une explication de la difficulté psychologique dans laquelle se trouve les policiers. "Il y a le risque inhérent au métier, la mort en service existe, rappelle Perrine Sallé. Il y a également une haine contre les forces de l’ordre qui est permanente aujourd’hui et qui poursuit les fonctionnaires et leurs familles jusque devant leurs domiciles. Et il y a cette telle pression, ce malaise policier auquel on ne trouve pas de réponse depuis des années, qui gangrène les rangs de la police nationale. On dit souvent que la police tue. Mais la police se tue. Il faut répondre à ces maux pour pouvoir avancer et trouver un milieu de travail plus digne."

Pour avancer, il faut selon Perrine Sallé "redonner du sens, de l’humain, au sein de cette administration". "Le suicide, c’est forcément multifactoriel. Il peut y avoir la vie personnelle qui va entrer en compte. Mais c’est un parapluie doré qu’a brandi l’administration pendant des années. Imaginez le deuil de la famille, la charge de culpabilité. Il y a une remise en question de l’administration qui doit se faire", explique-t-elle, estimant aussi qu’"il n’y a pas de management dans l’administration, aujourd’hui". Au ministère de réagir.

LP