Lettre des patrons à François Hollande: "Baissez les charges et foutez-nous la paix !"

Marc Simoncini, ancien patron et fondateur de Meetic, aujourd'hui dirigeant de de la marque de lunettes Sensee, ce ludni sur RMC. - RMC Découverte
"C'est la réforme de la dernière chance" préviennent les grands patrons dans le Journal du Dimanche. Alors que le Premier ministre reçoit ce lundi à Matignon l'ensemble des partenaires sociaux, les organisations patronales font de nouvelles propositions. Dans une lettre à François Hollande, plusieurs entrepreneurs (dont le président du Medef Pierre Gattaz) réclament au président de la République "un plan d'urgence audacieux pour l'emploi". Un appel d'urgence qui intervient alors que le gouvernement dévoilera le 18 janvier, un plan exceptionnel pour l'emploi.
Le Medef, l'Afep (association française des entreprises privées) et Croissance Plus avancent cinq idées communes pour soulager les employeurs. Ils réclament notamment une exonération des cotisations sociales pendant 2 ans dans les petites entreprises pour toute nouvelle embauche, ainsi que pour tout recours à un contrat d'apprentissage ou de professionnalisation. Mais la proposition phare concerne le contrat de travail. Les grands patrons demandent une refonte de l'actuel CDI, pour ce qu'ils appellent un contrat de travail "agile", qui permettrait d'y inscrire des clauses de licenciements, comme la non-réalisation d'objectifs par exemple.
"Les entreprises sont en mode survie"
Encore de nouvelles mesures pour les entreprises après le Pacte de responsabilité et la loi Macron ? Pour Stanislas de Bentzmann, président de l’association d’entrepreneurs ‘Croissance Plus’ et co-fondateur de la société Devoteam, il y a urgence. Il fait partie des signataires de la lettre à François Hollande. Il l'assure, aujourd'hui en France, "les entreprises se sont mises en mode survie". "Pourquoi n'arrive-t-on pas au plein emploi ? Parce qu'on fait des demi-mesures, des toutes petites lois à la marge. Il faut mettre à plat toutes les règles sociales parce qu'elles datent de 50 ans".
Pour lui, les entreprises sont bien trop taxées pour pouvoir embaucher et réclame un changement de paradigme. "Nous avons les plus faibles marges d'Europe parce qu'il y a une taxation sur le travail qui est beaucoup trop lourdes en France. Il faut sortir ces taxes de l'entreprise pour que ce soit l'impôt qui paie. Il faut tout bousculer sinon nous garderons le chômage des jeunes à 25%, alors qu'il est à 6% en Allemagne".
"On ne veut pas être aidés, mais être au même niveau que nos concurrents"
Trop de taxes ? Une évidence pour Marc Simoncini, ancien patron et fondateur de Meetic, aujourd'hui dirigeant de de la marque de lunettes Sensee. "Le sujet des charges sociales ça fait 25 ans qu'on en parle. On a 130 milliards de plus que les Allemands", relève-t-il chez Jean-Jacques Bourdin. Lui se montre dubitatif sur l'idée du contrat de travail unique. Plutôt que les propositions avancées par les patrons dans leur lettre au chef de l'Etat, Marc Simoncini estime qu'il faut mettre fin aux aides versées aux entreprises, en échange d'une baisse des cotisations sociales. "On ne veut pas être aidés, on veut juste être au même niveau que nos concurrents. Arrêtez de nous aider, foutez nous la paix, baissons les charges et laissez nous nous débrouiller ! De toute façon, "quand l'État donne 100 euros de primes ou d'aides à une entreprise, il y a 25 euros qui sont pris par les fonctionnaires qui gèrent la collecte. Tout ça, ça ne marche pas. D'un coup de baguette magique on enlève 100 milliards de charges et 100 milliards d'aides, ce ne serait pas un danger majeur pour le budget de l'État et ça nous casserait moins les pieds au quotidien".
Marc Simoncini a également réagi à notre enquête "Objectif 2017, ce que veulent les Français". Alors que 78% des Français réclament un "pacte républicain contre le chômage", le dirigeant estime que ce "pacte aurait dû être soudé depuis longtemps".