Loi Travail: la Fage accuse l'Unef "de jusqu'au-boutisme"

Huit jours après une première mobilisation aux côtés des salariés, étudiants et lycéens sont appelés à descendre à nouveau dans la rue jeudi pour dire non au projet de loi travail, même dans sa version remaniée par le gouvernement. Si le gouvernement se dit désormais confiant d'avoir une majorité pour son projet, les opposants à cette réforme du code du travail entendent maintenir la pression, à peine plus d'un an avant la présidentielle.
"Les aménagements apportés à la loi sont la preuve que la mobilisation des étudiants et des lycéens a permis de faire bouger les lignes, justifie ce jeudi sur RMC William Martinet, président de l'Unef. Pour autant, nous demandons toujours le retrait du texte, c'est pourquoi nous appelons à la mobilisation. Nous avons bien écouté Manuel Valls lundi et au-delà des importants reculs, le cœur du projet de loi est toujours présent. Il est toujours question d'une augmentation du temps de travail, d'une baisse de la rémunération des heures supplémentaires ou encore d'une simplification des licenciements. Cela reste donc un projet de loi de précarité, d'où notre volonté de continuer cette mobilisation".
"Ce texte a désormais une philosophie différente"
De son côté "la Fage (Fédération des associations générales étudiantes) n'appelle pas à manifester parce que le mot d'ordre de cette manifestation est le retrait du projet de loi. Or si ce projet n'était pas acceptable la semaine dernière, les modifications apportées depuis font que ce texte a désormais une philosophie différente", lui répond Alexandre Leroy, président de la Fage. Et de juger qu'un "ensemble de mesures de protections sociales nouvelles et historiques pour les jeunes ont été ajoutées à l'avant-projet de loi".
Alexandre Leroy prend l'exemple de la garantie jeune: "On crée, dans un pays où la protection sociale est la plus désavantageuse d'Europe, un filet de sécurité qui va permettre aux jeunes de 16 à 25 ans de pouvoir revenir en formation, être aidé, de pouvoir revenir vers l'emploi." Il estime encore que "demander le retrait du texte, c'est jeter à la poubelle ces droits sociaux historiques ajoutés suite à nos propositions adressées à Manuel Valls".
"Pas d'universalité de la garantie jeune"
Si William Martinet admet un consensus à propos de la garantie jeune, il met en avant "des désaccords sur l'ampleur de ce qui a été annoncé par le Premier ministre ce lundi. Il a utilisé un terme fort 'l'universalité' de la garantie jeune. Cela voudrait donc dire que tous les jeunes sans emploi, sans formation ou isolé socialement devraient avoir le droit d'y accéder. Or Manuel Valls a immédiatement parlé d'une ouverture à 100.000 jeunes supplémentaires donc ce n'est pas tous les jeunes".
"Depuis lundi, je suis atterré de voir un ensemble d'organisations et de syndicats prendre comme premier, et presque unique, argument du maintien de la position du retrait du texte le fait que la garantie jeune c'est bien mais qu'il n'y a pas de garantie sur le financement, s'emporte alors vivement Alexandre Leroy. Je trouve ça en effet paradoxal car quand François Hollande a annoncé, il y a deux jours, une hausse du salaire des fonctionnaires, personne à l'Unef, à la CGT ou à FO n'est venu dire 'On n'en veut pas parce qu'on ne sait pas comment cela va être financé'".
"Tout ça est ridicule"
Et de se demander si "le jusqu'au-boutisme de l'Unef ne peut pas s'expliquer par les centaines de milliers d'euros versés à cette organisation par des députés frondeurs, ceux-là même qui ont tout intérêt à voir la réforme échouer". "Elevons un petit peu le débat. On ne peut pas dire que les 100.000 personnes qui étaient dans la rue la semaine dernière sont manipulées par les frondeurs. Je crois que tout ça est ridicule, lui répond William Martinet".
"Si être jusqu'au-boutiste c'est refuser que ce gouvernement avec un projet de loi aggrave la situation de précarité des jeunes alors, oui, d'une certaine façon, nous sommes jusqu'au-boutistes, argumente encore le président de l'Unef. Nous avons la conviction que le seuil de tolérance des jeunes à la précarité est déjà dépassé".