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Mieux protéger les enfants placés, un défi pour les éducateurs et le gouvernement

Adrien Taquet doit présenter ce lundi une stratégie nationale de prévention et de protection de l'enfance. Le plan comprend une aide de 80 millions d'euros. Insuffisant selon les éducateurs.

Garantir à chaque enfant les mêmes chances et les mêmes droits, c'est l'objectif de "la stratégie nationale de prévention et de protection de l'enfance" qui va être dévoilé aujourd'hui par Adrien Taquet, le secrétaire d'Etat chargé de la protection de l'enfance. Au centre des préoccupations, les enfants placés. Les places en foyer ou en famille d'accueil manquent et les éducateurs sociaux, chargés de mettre ses enfants en sécurité se retrouvent démunis. 

Placer des enfants en structure d'accueil, est presque devenu impossible pour David, éducateur social. Impuissant, il a vu l'un des jeunes dont il avait la charge disparaître des radars cet été. "Il a trouvé sa solution et aujourd’hui je ne sais où il est, il est en fugue. Ça, c’est très frustrant, ça empêche de dormir la nuit", affirme l’éducateur. 

Et quand enfin une place se libère, l'enfant y est parfois envoyé, sans savoir vraiment où il met les pieds d'après Marie, travailleuse sociale.

"J’ai eu le cas d’un petit garçon de neuf ans qui se faisait frapper tous les soirs par un jeune de 15 ans dans sa chambre. Tout le monde était d’accord pour dire que ce jeune de 15 ans n’avait plus sa place dans cette famille d’accueil, mais pour autant, il n’y avait pas de place pour lui ailleurs", indique-t-elle.

Manque de temps

Chaque référent doit s'occuper en moyenne de 38 enfants. Dans ses conditions, Thomas, lui aussi éducateur social dans le département manque de temps."La semaine dernière, je me suis excusé auprès d’un gamin parce que c’est gamin qui va bien et que je ne le vois pas autant que je le voudrais. C’est quoi le message que tu envoies ? Ça veut dire que du moment que tu ne poses pas de problème, que tu ne fais pas de vague, que tout se passe bien, je n’ai plus de temps pour toi", précise-t-il. 

Face à cette détresse, L'Etat va débloquer 80 millions d'euros sur tout le territoire français dès 2020. Une goutte d'eau pour Olivier Treneul porte-parole du syndicat Sud dans le Nord. 

"Les trois dernières années 700 places ont été supprimées. Le budget alloué à la protection de l’enfance rien que pour le département du nord c’est 465 millions par an. Donc, en toute objectivité, il ne faut pas être très cortiqué pour comprendre que ce n’est pas suffisant", indique-t-il. 

Aujourd'hui, le Nord, est contraint de placer des enfants en Belgique, faute d'accueil suffisant dans le département.

Alfred Aurenche avec Guillaume Descours