"On s'entraîne à la Kalachnikov dans les rues de Marseille", déplore Samia Ghali
"Il y a aujourd’hui des camps d'entraînement dans les quartiers où les gens s'entraînent à tirer" a déclaré ce mercredi Samia Ghali au cours de l'émission Territoires d'Infos sur Public Sénat et Sud Radio. Ce jeudi sur RMC, la sénatrice-maire PS des 15ème et 16ème arrondissements de Marseille a confirmé ses propos: "Il faut savoir qu'on est dans des quartiers où les armes sont encore très présentes, mais si c'est moins le cas qu'avant", assure-t-elle. Et d'aller plus loin: "Aujourd'hui, j'en suis même à demander à ce qu'on monte un mur dans une école pour que les balles des kalachnikovs ou des fusils ne se retrouvent pas dans la cour de récréation".
"Mais comme un mur coûte trop cher, on nous propose une palissade. Ce qui ne sera pas suffisant à mon avis", ajoute Samia Ghali avant de préciser: "J'ai fait un conseil d'arrondissement extraordinaire sur la question de l'école et l'on a évoqué le cas de cette école qui subit régulièrement des impacts de balle dans la cour de récréation. Les parents, les enseignants et moi-même demandons donc à ce qu'un mur soit construit pour la protéger".
"Des bandes de voyous sèment la terreur"
"Mais cela ne date pas d'aujourd'hui, cela fait des mois, des années que je dis que l'on s'entraîne à la Kalachnikov dans les rues de Marseille", certifie la sénatrice socialiste qui demande donc "des moyens pour désarmer ces banlieues". "Avec les moyens mis en place pour lutter contre le terrorisme, la police n'est plus forcément présente dans certains territoires où un travail avait déjà été fait. De fait, le territoire est réoccupé par des bandes de voyous qui sèment la terreur. C'est une réalité", déplore encore Samia Ghali.
"Vous vous rendez compte qu'au XXIème, dans la deuxième ville de France, on est malheureusement obligé de monter un mur pour protéger les enfants des impacts de balle. Je n'arrive pas y croire mais c'est une obligation", insiste-t-elle. Et d'estimer qu'"il y a, en France, un rejet des gens de ces quartiers. C'est clair." En réponse à Patrick Kanner qui a évoqué dimanche dernier l'existence d'une "centaine de Molenbeek en France", la sénatrice PS des Bouches-du-Rhône estime que "si, en tant que ministre, j'avais fait ce constat-là, j'aurais dit 'Au revoir'".
"On fait quoi pour y remédier?"
"Je ne demande pas sa démission, clarifie-t-elle. Je dis juste qu'à titre personnel c'est ce que j'aurais fait. Lui, il fait ce qu'il veut. C'est lui et sa conscience. Mais en ce qui me concerne, si j'arrive à un tel constat d'échec, je ne resterais pas au gouvernement. J'aurais préféré qu'il dise 'Oui, il y a ça mais voici les moyens pour y remédier'. Parce qu'on fait quoi pour y remédier? Nous, on se bat avec des cacahuètes dans nos quartiers. Comment on peut dire à des enfants d'aller à l'école alors qu'il y a des impacts de balles sur les murs?"
Des séances d'entraînement au tir confirmées par Olivier, un auditeur de RMC: "Dans le quartier de La Sauvagère (10ème arrondissement de Marseille), fin 2012-début 2013, j'ai entendu des tirs de Kalachnikov. Cela se déroulait sur un terrain de foot, entre 22h et minuit, on pouvait entendre le tac-tac-tac des rafales". "La nuit se sont plutôt des entraînements qui se font, indique Samia Ghali. C'est-à-dire qu'ils posent des canettes de bière et ils tirent à la Kalachnikov dessus. Comme dans les westerns mais en pleine ville..."