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Comment Jean-Pierre Pernaut est-il devenu l'emblématique présentateur du JT de 13h de TF1?

LE PORTRAIT DE POINCA - Il présentera son dernier journal de 13h vendredi: Jean-Pierre Pernaut restera comme le dernier de la génération des présentateurs de JT qui étaient des stars.

Jean-Pierre Pernaut, le présentateur du 13 heures de TF1, a annoncé qu’il quitterait son journal à Noël. Il restera comme le dernier de la génération des présentateurs de Journaux Télévisés qui étaient des stars. Les PDDA, Claire Chazal, Jean-Pierre Pernaut qui faisaient la Une de Paris Match et de Voici. Certains pour leurs amours agitées, ou bien lui qui était plus souvent paparazzié en train de sortir avec ses courses d’un supermarché du Lavandou.

Jean-Pierre Pernaut, c’est monsieur tout le monde, dans la vie comme à l’antenne. Monsieur tout le monde sauf si l’on regarde ses chiffres, là, il devient un phénomène. Il a battu tous les records. 32 ans à l’antenne, 8.000 JT, mais surtout des audiences stratosphériques entre 6 et 7 millions de téléspectateurs tous les jours. Pratiquement 50% de part de marché et presque autant que le 20 heures. Il a le record de France de l’audimat, et même record d’Europe.

Dans ce fauteuil du 13 heures, il a remplacé un homme qui était tout son contraire. Yves Mourousi qui était une star branchée, fêtard, et très parisien. Mais dont les audiences étaient en baisse. 

Un journaliste "qui a du pif"

Les Bouygues qui avaient racheté TF1 ont donc écarté Mourousi le flamboyant provocateur pour le remplacer par un provincial, un Picard d’Amiens, un semi-inconnu, de 38 ans. C’est lui qui se présente comme cela dans son autobiographie. Et en apprenant cette nomination, Le Figaro avait titré: “Jean-Pierre Qui ?”.

Comme Mourousi, il décide de se passer du prompteur pour être plus naturel, mais pour le reste il change tout. Son journal commence par la météo quoi qu’il arrive. Puis il parle de la France, de ce qu’il appelle la vraie vie des vrais gens. Il n’est pas institutionnel, ne s’intéresse pas au compte-rendu du Conseil des ministres. Mais il aime parler du prix de l’essence, des gâchis de l’administration, des grévistes qui prennent les usagers en otage, des villages, des commerces qui ferment…

Sur tous ces sujets, il apprécie les micro-trottoirs qui donnent la parole aux Français, en évitant si possible les femmes voilées, car ce n’est pas la France qu’il veut montrer. On le moque pour ses reportages sur les fabricants de sabot, mais il a aussi prouvé qu’il pouvait faire des éditions spéciales, sur la chute du mur de Berlin, le 11 septembre, l'élection d’Obama ou les attentats parisiens. 

Ceux qui travaillent avec lui le décrivent comme pépère, un peu réac, mais aussi comme un journaliste qui a du pif. À 70 ans, il va donc se retirer juste avant les vacances de Noel. Et c’est lui qui a choisi de partir, ce qui est très rare dans ce métier.

Nicolas Poincaré