Condamné pour conduite sous stupéfiants, Christophe Dechavanne doit-il être suspendu par France 2?

Alors que Christophe Dechavanne a été condamné, jeudi, pour conduite sous l'emprise de stupéfiants en récidive, se pose la question de son maintien ou non à l'antenne dans l'émission Quelle époque?, diffusée sur France 2 le samedi, en deuxième partie de soirée.
La chaîne belge RTL TVI, qui emploie également l'animateur, a décidé d'arrêter l'émission qu'il présentait. Une décision directe et immédiate que le média a justifié en précisant il n'y avait de toute façon pas de nouveau numéro de l'émission prévue.
Un problème d'éthique ?
"D'un point vue éthique, moral, France 2, qui est donc le service public, devrait se souvenir qu'il a quelque part une certaine obligation d'exemplarité et devrait suspendre Dechavanne", estime Yaël Mellul, ancienne avocate pénaliste, sur le plateau d'Estelle Midi, vendredi. Cette dernière trouverait ce choix plus que justifié alors qu'elle rappelle sur RMC que Christophe Dechavanne est quelqu'un "qui n'a jamais craint lui-même de faire des leçons à la France entière, qui a fracassé Palmade au moment de son accident."
"Ce n'est pas un primo-délinquant sur ces questions de conduite sous emprise de stupéfiants. Il faut être à la hauteur d'un service public, précisément au moment où on a Elise Lucet qui va à l'Assemblée nationale pour faire des tests de dépistage", ajoute-t-elle.
Dans le domaine "très spécifique" des médias, Pierre Rondeau, économiste, estime que la réputation de France TV est directement mise en cause. "Il y a évidemment une question de morale qui prime sur la question du droit", précise-t-il. "Juste sur la ligne éditoriale, ça poserait un problème dès lors qu'ils recevront un invité" à propos d'un sujet lié aux stupéfiants.
Pourtant, pour le journaliste Périco Légasse, il s'agit d'une "affaire privée", qui doit le rester. "Est-ce qu'il y a un enjeu par rapport à cette émission ? Est-ce que ça peut remettre en cause l'éthique de l'émission ? Non", se répond-il à lui-même. Un avis partagé par Cyril, auditeur de RMC: "France 2 doit complètement le garder. Je ne vois pas le rapport avec son travail. Ce serait un peu la double peine."
Des précédents partagés
Il existe des précédents concernant des personnalités publiques employées par des médias et mis en cause par la justice. En France, il y a quelques jours, suite à sa condamnation pour violences conjugales, Stéphane Plaza a vu la totalité des émissions où il apparaissait être déprogrammées par M6.
Lors de sa mise en examen, alors qu'il n'était pas encore condamné, l'animateur Cauet, qui était visé par plusieurs plaintes pour viols et agressions sexuelles, avait immédiatement été suspendu de l’antenne de la radio NRJ.
D'autres animateurs condamnés ont au contraire été maintenus. C'est le cas de Manu Levy. En novembre dernier, les prud’hommes ont donné raison à 3 plaignantes qui accusait l’animateur de la matinale de NRJ de harcèlement moral. Si la radio a dû s’affranchir d’une amende de 310.000 euros, elle a décidé de le laisser à l’antenne.
Condamné en appel à 18 mois de prison avec sursis pour harcèlement sexuel, l’animateur Jean-Marc Morandini, qui s’est pourvu en cassation, est lui toujours à l’antenne sur la chaine d’information CNews.