Violences sexuelles dans le cinéma: Karin Viard confie avoir été "victime de comportements abusifs"

Karin Viard a évoqué sur France Inter, ce mardi, la libération de la parole dans le milieu du cinéma après les accusations de Judith Godrèche à l'encontre de Benoît Jacquot et Jacques Doillon et son discours prononcé aux César, vendredi.
Elle a ainsi reconnu avoir, pendant des années, intégré de manière inconsciente certains comportements et pratiques sur les lieux de tournage. "J'ai trouvé normal des comportements qui effectivement aujourd'hui, je trouve, parfaitement anormaux. Mais cette normalité là, elle existe. Moi, je peux en parler en tant que victime parce que j'ai été victime de comportements totalement abusifs, et totalement inappropriés", explique-t-elle.
"Moi, quand je suis arrivée, je trouvais normal que les hommes soient plus payés que moi. Que l'on parle des femmes devant moi de façon complètement misogyne. Je trouvais ça normal. Je disais 'ils sont un peu lourds'. Que l'on me pelote, que l'on me moleste un peu physiquement, que l'on me foute une main au cul...", poursuit-elle.
"Je suis obligée de dire que moi-même, j'ai participé de cette chose ignoble, en l'acceptant et en trouvant ça pas si choquant que ça au fond", explique Karin Viard
L'actrice de 58 ans estime cependant que l'époque était différente. "Il faut quand même poser ce contexte de l'époque qui rend tolérable un nombre de trucs qui ne le sont pas du tout [...] Moi, dans mon organisation psychique, je n'ai jamais pensé que la société devait me défendre. J'ai toujours pensé que moi, je devais me défendre en fait", expose-t-elle.
"J'ai été pelotée par Depardieu"
Karin Viard salue l'évolution des mentalités et les prises de parole. "Il est nécessaire que la honte change de camp, que les victimes ne se sentent plus honteuses, mais que ce soit l'agresseur, le harceleur qui se sente victime". Concernant le mouvement féministe, l'actrice veut qu'il serve à "[donner] aux femmes les moyens de se défendre elles-mêmes" et non qu'il les "rende victimes."
A propos de Gérard Depardieu, mis en examen pour viol et mis en cause par de nombreuses femmes, l'actrice a confié avoir été "pelotée" par l'acteur sur le tournage du film "Potiche", de François Ozon, sorti en 2010. "Je lui ai dit 'Oh mais ça va pas!' Et il a arrêté immédiatement", relate-t-elle.