10h par jour, pause minime, logement indigne... Le procès des "vendanges de la honte" s'ouvre en Champagne

Ce jeudi matin s'ouvrent les procès dit "des vendanges de la honte" au tribunal de Châlons-en-Champagne dans la Marne. Trois personnes et une société de prestation agricole, vont être jugées notamment pour "traite d'êtres humains" et "travail dissimulé". Ils sont soupçonnés d'avoir exploité 57 travailleurs étrangers lors des vendanges de l'été 2023 à Nesle-le-Repons.
Des travailleurs pour la plupart sans papier, traités et logés dans des conditions indignes. Leur calvaire a duré huit jours au milieu des vignes de champagne... En pleine vendanges, l'inspection du travail alertée par des riverains découvre 57 travailleurs d'origine subsaharienne, pour la plupart sans titre de séjour, entassés dans un pavillon aux allures de bidonville dénonce leur avocat maître Maxime Cessieux.
“Ils sont sept, dix ou quinze par chambre. Certains dorment à même le sol parce qu’il n’y a pas de lit pour tout le monde. Il y a des toilettes bouchées, des fils d’électricité à nu. Ils ont deux repas par jour dont l’un est composé de sandwichs à peine décongelés”, assure-t-il.
Jusqu'à 7 ans de prison encourus
Des conditions de logement mais aussi de travail inhumaines. “Ils travaillaient 10 heures par jour, ils ont dix minutes de pause. Et quand il relève la tête pour demander une pause ou de l’eau, on les menace avec un couteau en leur intimant l’ordre de retourner travailler”, appuie-t-il.
Le résultat d'une promesse d'embauche pour 80 euros par jour que les travailleurs n'ont finalement jamais perçus. Un cas loin d'être isolé déplore l'avocat.
“C’est le deuxième procès en très peu de temps en champagne. On attend une mobilisation. C’est inimaginable que notre champagne soit rempli par des raisins récoltés par des esclaves”, appuie-t-il.
La société de prestation agricole mise en cause et ses dirigeants n'ont pas répondu à nos sollicitations. Ils encourent 7 ans de prison et 150.000 euros d'amende.