A Vendin-le-Vieil, qui co-accueillera les détenus les plus dangereux, la population n'est pas rassurée

Il y aura finalement deux prisons de haute sécurité pour les narcotrafiquants. C'est ce qu'a détaillé jeudi soir le garde des Sceaux, Gérald Darmanin. Les 200 narcotrafiquants les plus dangereux du pays seront bientôt emprisonnés dans le Pas-de-Calais à Vendin-le-Vieil et dans l'Orne à Condé-sur-Sarthe.
Le ministre veut rendre ces deux établissements "tout à fait hermétiques" et y renforcer le nombre de personnel. "Une révolution pour les prisons françaises" selon le ministre de la Justice et un changement aussi pour le personnel pénitentiaire et les habitants de Vendin-le-Vieil.
Cette prison, David la connaît bien. Il y est agent pénitentiaire et secrétaire du syndicat Force Ouvrière.
“Vous avez les quatre miradors en surplomb et en vue constante sur les cellules, un double mur d’enceinte et un grillage de sécurité en plus. Donc en fait les conditions de sécurité sont réunies”, détaille-t-il.
De nouveaux travaux sont prévus pour sécuriser la prison. Mais dans les rues de Vendin-le-Vieil, ça ne suffit pas à convaincre les habitants.“Il y a un parc à côté, il y a beaucoup de monde qui vient se promener. Et de nos jours on entend plus que ça, des évasions”, s’inquiète une femme. “Moi, je suis de nature très peureuse, donc croyez-moi, je vais rester chez moi, je ne vais plus bouger”, ajoute une autre.
Des moyens supplémentaires de police réclamés
Un autre habitant lui tempère. “Il n’y a pas de danger. De toute façon, ils ont choisi une des prisons les plus sécurisées de France. Une fois qu’ils sont dedans, généralement, ils ont du mal à en sortir”, indique-t-il.
Ludovic Gambiez, maire de la commune, se veut lui aussi rassurant. Mais les yeux rivés sur ses dossiers, il réclame tout de même plus de moyens.
“Il faut des moyens supplémentaires de police pour l’encadrement, pour les transferts éventuels qu’il pourrait y avoir. Aujourd'hui, je pense que le territoire est sous occupé par les forces de police nationale”, appuie-t-il.
Un constat que partage Sylvain Robert, maire de Lens, ville qui touche Vendin-le-Vieil. Il été invité ce vendredi matin sur RMC.
"On est sur une circonscription de police où on est régulièrement en manque d’effectif et ça, c’est remonté aussi par les syndicats policiers depuis quelques années. Donc aujourd’hui, on a déjà un manque d’effectif et si en plus cette nouvelle annonce vient tirer sur les moyens présents ça va encore dégrader la réponse qu’on peut avoir auprès de la population au quotidien", explique-t-il.
"Quand un prisonnier doit faire un examen médical, il doit être amené jusqu’à l’hôpital. Donc les conditions de transfert reposent en partie sur des personnels pénitentiaires, mais aussi en partie sur le commissariat de Lens. [...] Il y a encore beaucoup de questions en attente notamment sur l’organisation même du site. On prend acte de cette décision, mais on attend les modalités pratiques", ajoute-t-il.
Une demande partagée par les syndicats pénitentiaires, qui exigent plus de personnel et d'équipement.