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Police-Justice

Procès des viols de Mazan: le récit des investigations "impactantes" des enquêteurs

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Le procès de l'affaire Mazan va prendre un nouveau tournant ce jeudi avec, pour la première fois, la prise de parole de la victime. Elle a été confrontée depuis le début de la semaine à la cinquantaine d'hommes qui ont abusé d'elle. Des viols orchestrés par son propre mari, qui auront duré près de 10 ans. Mercredi, le récit du directeur d'enquête a été long. Il est resté à la barre pendant plus de huit heures, pour raconter comment la police judiciaire d'Avignon avait travaillé sur ce dossier.

Le commissaire en charge du dossier des viols de Mazan a passé plus de huit heures debout à la barre, ce mercredi, pour raconter les investigations menées par la PJ d'Avignon. Il a décrit le long et fastidieux travail des enquêteurs pour retrouver les agresseurs de Gisèle P., abusée par des dizaines d'inconnus recrutés par son mari sur internet. Le directeur d'enquête a choisi une équipe restreinte de quatre policiers "capables d'encaisser".

Il a lui-même visionné l'intégralité des fichiers, dont 3.800 photos et vidéos. Un travail "impactant", reconnaît-il à demi-mot. Les enquêteurs ont établi un scénario type du viol qui reposait sur l'inconscience de la victime, loin du jeu libertin dont se prévalent certains accusés. “Ces hommes ne pouvaient pas s'assurer que madame était consentante”, souligne le commissaire.

“Comment pouviez-vous savoir qu’elle était inconsciente?” l'interroge l'avocate de deux accusés. “D'après les vidéos. Elle ne parle pas, ne bouge pas, elle ronfle”, répond le policier. “Vous n'êtes pas expert”, le reprend l'avocate. “Quand on découvre un cadavre madame, on n'a pas besoin d'être médecin légiste pour savoir que la personne est morte”, ironise le policier.

Des documents méticuleusement classés

Mais le travail des policiers pour identifier les hommes a été facilité par le mari lui-même. Les milliers de photos et vidéos prises par le mari sont enregistrées sur un disque dur puis méticuleusement décrites et classées dans un dossier "abus". Avec un sous-dossier pour chaque homme venu violer son épouse. "Une liste va alors être dressée pour chaque individu en fonction du nom du dossier", précise le commissaire. Objectif: identifier "Chris le pompier", "Quentin", "Gaston" ou "David le Black".

En parallèle, les policiers se servent des nombreuses traces laissées par les innombrables échanges téléphoniques et les conversations en ligne entre le mari et les agresseurs de son épouse. Pour remonter aux identités de ces hommes, les enquêteurs sollicitent les opérateurs téléphoniques, "un travail qui va s'étaler sur quasiment deux années".

GD avec Marion Dubreuil