Affaire Michel Zecler: "J'ai honte mais je suis gêné parce qu'il y a un procès médiatique", juge David Le Bars du Syndicat des commissaires de police
Le juge a rendu sa décision tard dans la nuit. Deux des trois policiers filmés en train de frapper Michel Zecler dans son studio de production ont été mis en examen et placés en détention provisoire dimanche, le troisième a également été mis en examen mais laissé libre sous contrôle judiciaire. Un autre fonctionnaire, soupçonné d'avoir lancé une grenade lacrymogène à l'intérieur du studio a également été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. Le juge veut ainsi éviter que les policiers ne se concertent entre eux, ou exercent des pressions sur les témoins.
"J'ai honte de ce qu'il se passe parce que la police n'agit pas comme ça mais je suis gêné parce qu'il y a un procès médiatique et la justice qui passe et je préfère faire confiance à la justice", a déploré ce lundi matin sur RMC David Le Bars, le secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale.
"C’est l’effet tunnel. A partir d'une justification, le contrôle du port du masque et quand on voit où ça en arrive, il y a un effet tunnel: personne n’a réalisé qu’à un moment les choses n’allaient plus, ça pose le problème de la lucidité de la hiérarchie, personne n'a su dire 'stop on s'est planté'", estime-t-il.
"Les autres policiers arrivent dans une situation de renfort"
Car les violences à l'encontre de Michel Zecler et des musiciens présents dans le studio ont continué dans la rue à l'arrivée de renfort de police. Des violences qui s'expliqueraient facilement juge David Le Bars: "Quand vous avez un appel à l'aide de policiers sur les ondes, vous arrivez en renfort dans une situation où psychologiquement, les victimes sont les autres policiers. Je ne cautionne pas mais les autres policiers arrivent dans une situation de renfort", explique-t-il.
Un appel de renforts qui selon lui pourrait servir aux policiers mis en examen: "S'ils avaient voulu cacher ce qu'ils avaient fait, ils n'auraient jamais appelé à l'aide. Ils ont appelé à l'aide parce qu'ils étaient en difficulté et c'est à la justice de le démontrer", justifie David Le Bars.
Devant les enquêteurs de l'IGPN, les policiers avaient fini par admettre que les coups portés n'étaient pas justifiés, qu'ils avaient principalement agi sous la peur et la panique. En revanche ils nient toujours avoir tenu des propos racistes.
Le procureur a rappelé que les policiers avaient dans un premier temps indiqué avoir contrôlé Michel Zecler pour "absence de port du masque" et en raison d'une "forte odeur de cannabis", avant que celui-ci ne les entraîne à l’intérieur de son studio, leur assène des coups et tente de s’emparer de leur arme. Mais les images de vidéo surveillance ont prouvé le contraire et seuls "0,5 g d'herbe de cannabis" ont été retrouvés dans la sacoche du producteur