Affaire Mila: "Le ciel nous est tombé sur la tête", témoigne sa mère qui sort du silence
Treize personnes sont jugées à Paris depuis lundi pour avoir harcelé, et parfois menacé de mort, Mila, jeune femme qui avait critiqué l'islam dans deux vidéos datées du 28 janvier et du 14 novembre 2020. 8 personnes ont pour le moment été entendues lundi, avant les 5 autres. Nous étions à cette première journée d’audience près de 14 heures de débats, en présence des parents de Mila.
Le père de Mila n’a pas pris la parole, mais il n’en était pas moins expressif, à chaque déclaration des prévenus. On pouvait le voir trépigner sur son banc, il ne supportait pas leurs justifications.
Ensuite, la mère de Mila a été entendue pendant plus de 2 heures, sa première intervention publique depuis le début de l’affaire il y a un an et demi. Elle commence en déclarant: "Le ciel nous est tombé sur la tête, il s’agit d’un cataclysme".
Elle raconte que Mila vit désormais dans une grotte, dans un autre monde. Sa maman, ne parvient malheureusement pas à envisager un avenir pour sa fille sous protection policière permanente.
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Mila s'est aussi exprimée
Questionnée, à de nombreuses reprises par les avocats de la défense, sur ce qu’elle pense des publications de sa fille, la mère de Mila dit que ce sont les vidéos d’une personne poussée à bout. Pour elle, interdire à Mila d’aller sur les réseaux sociaux, reviendrait à interdire à une femme qui se serait fait violer de sortir dans la rue.
Elle rappelle que c’est sa fille la victime, et non l’inverse, elle l’assure : qu’elle lui coupe ou non les réseaux sociaux ne change rien, le flot de menaces de morts et d’insultes n’a jamais cessé depuis janvier 2020.
"On m’interdit d’être scolarisée, je ne peux plus travailler, je n’ai pas d’avenir"
Mila s’est également exprimée à la barre pendant plus de 2h30, elle est ressortie épuisée. Elle estime que sans les réseaux sociaux, elle serait "morte intellectuellement" mardi. Elle le rappelle : "On m’interdit d’être scolarisée, je ne peux plus travailler, je n’ai pas d’avenir, plus de vie sociale et en plus faudrait que j’arrête les réseaux sociaux ?"
Au tout début de son audition, alors qu’elle essaie d’échapper aux larmes, elle craque finalement en sanglots. "Je n’ai plus un seul moment de tranquillité, c’est normal d’avoir envie d’en finir lorsque l’on subit un tel calvaire" La jeune femme de 18 ans, le dit, elle veut simplement exercer son droit à la liberté d’expression.
Après avoir critiqué à plusieurs reprises l’Islam dans des vidéos. Son point de vue sur la religion en général est plutôt clair, elle dit n’apprécier aucune religion, sans pour autant avoir de haine contre ceux qui la pratiquent.
Les prévenus encourent deux ans de prison et 30.000 euros d'amende
Le procès de ceux qui ont menacé de mort, harcelé Mila sur internet continue et se termine ce mardi. Le président du tribunal a rappelé de nombreuses fois que le cyberharcèlement, ce qui se dit anonymement sur les réseaux sociaux n’a encore que très rarement passé la porte des tribunaux.
Le magistrat en est donc convaincu, quelques soient les jugements pour ces 13 prévenus : il y aura un avant et un après "procès Mila". Les prévenus encourent deux ans de prison et 30.000 euros d'amende pour le harcèlement en ligne, trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende pour les menaces de mort.