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Police-Justice

Après l'assaut du Raid à Saint-Denis: "C'est rare de voir la ville aussi tranquille et morose"

A Saint-Denis, la ville est verrouillée par les forces de l'ordre

A Saint-Denis, la ville est verrouillée par les forces de l'ordre - KENZO TRIBOUILLARD / AFP

REPORTAGE - Ce mercredi, les habitants de Saint-Denis se sont réveillés en plein cauchemar. Entre 15.000 et 20.000 personnes sont restées confinées chez elles durant l'intervention du Raid et de la BRI. Des voisins, des riverains témoignent sur RMC.

Il était environ 4h20 du matin ce mercredi quand le Raid a donné l'assaut, à Saint-Denis, au nord de Paris. Une opération de police qui vise, notamment, l'organisateur présumé des attentats parisiens, Abdelhamid Abaaoud et qui durera plusieurs heures. Un laps de temps pendant lequel la population va vivre dans l'angoisse. Au total, entre 15.000 et 20.000 personnes sont restés confinées chez elles durant l'opération des forces de l'ordre. Une situation d'autant plus pénible que le bruit des balles, des explosions, beaucoup l'avaient déjà entendu il y a quelques jours seulement, vendredi, lorsque le Stade de France a été pris pour cible.

Ainsi, depuis cinq jours, Mohamed a du mal à dormir. Il faut dire qu'il a vécu de près ce double traumatisme: il était au Stade de France et il habite à côté de la cache des terroristes prise d'assaut par le Raid et la BRI. Alors, pour lui, ça commence à faire beaucoup: "C'est de la terreur à l'état pur. J'ai l'impression que ça ne se finit jamais. Aujourd'hui c'est ça, demain ça peut être autre chose. On se demande donc quand est-ce que ça va se finir. En attendant le traumatisme est toujours là. Et il restera toujours là…"

"Saint-Denis est une ville fantôme"

Pour certains habitants, le choc est encore plus violent. Ainsi, depuis ces événements, Fadila ose à peine mettre le nez dehors. "J'étais juste à côté. J'ai entendu les rafales. C'était affreux. Là, je suis sorti avec mon mari mais j'ai peur, sincèrement", assure-t-elle. Avant d'ajouter: "On n'est pas en sécurité donc prendre un métro, on a peur; aller au cinéma, on a peur; aller dans les centres commerciaux, on a peur… Tout est possible…"

"On n'a pas eu le temps de relever la tête et de se dire qu'on allait redémarrer. Lundi, on était tous motivés et là, mercredi, on retombe encore", déclare Jenifer, une habitante de la commune. Et de faire ce terrible constat: "Saint-Denis est une ville fantôme. C'est rare de voir la ville aussi calme, aussi tranquille, aussi morose, aussi inquiète". "On a peur. Saint-Denis est une ville morte. C'est triste, confirme Sultana. Tous les commerces sont fermés, les bars aussi. Il n'y a rien… On ne se croirait pas en France".

"Il faut que cela s'arrête"

"Je suis très choquée, avoue, en larmes, Latifa. Je suis triste parce que ma ville aujourd'hui est triste". "Il faut dire stop ! Il faut que cela s'arrête, poursuit-elle. Saint-Denis, c'est une très belle ville avec de nombreux jeunes et on fera tout pour que tout redevienne comme avant. On recommencera. On sortira. On s'en remettra. C'est sûr".

Pas de doute, le traumatisme est encore vif. Alors le maire adjoint, Stéphane Peu, essaye de rassurer: "On a notre cellule d'accompagnement psychologique qui ne cesse d'accueillir les gens les uns après les autres. C'est un travail considérable mais il va falloir que Saint-Denis retrouve la force qui est en elle. C'est une ville joyeuse, de fêtes, de culture. C'est pourquoi, dès ce jeudi matin, tous les services rouvrent. On se remet debout et on se remet à marcher, à construire la ville que l'on aime". Sur le fronton de la mairie, une banderole a été hissée avec ce message: "La meilleure réponse à la barbarie, c'est de faire face ensemble".

Maxime Ricard avec Juliette Droz