Attentat de Nice – De plus en plus de villes veulent armer leur police municipale: l’exemple de Belfort

- - AFP
Depuis l'attentat de Nice, le mouvement s'amplifie. D'après l'Association des maires de France, de plus en plus de villes entendent armer les policiers municipaux. Ces dernières semaines, Saint-Quentin (Aisne) a franchi le pas, tout comme Romilly-sur-Seine (Aube), Poissy (Yvelines) ou encore le Puy-en-Velay (Haute-Loire). Alors que dans les semaines qui viennent, Versailles et Dunkerque doteront leur police d'une arme de poing, d'ici la fin de l'année la ville de Belfort va à son tour franchir le pas.
"Cela nous rassure"
Alors que pour l'instant, les 19 policiers municipaux de la commune sont équipés de taser, cet équipement n'est plus adapté à la menace, justifie la mairie. Pourtant, armer sa police municipale, il y a encore quelques semaines, Damien Meslot, le maire LR de Belfort n'y était pas favorable. Mais depuis l'attentat de Nice, la situation a changé comme il l'explique à RMC: "Si demain nous sommes confrontés à un véhicule qui veut foncer sur la foule, la police municipale, actuellement, n'aurait pas les moyens de l'arrêter. Alors qu'avec des armes à feu, on l'a vu à Nice, il y a moyen".
Toutefois, l'édile l'assure: "Nous souhaitons qu'ils n'aient jamais à les utiliser. Notre but n'est pas de faire des policiers des cow-boys mais de protéger au mieux la population de Belfort". De même, pour Laurent Cnudde, responsable de la police municipale, ces armes à feu sont nécessaires. "Cela nous rassure, surtout que la ville de Belfort organise de nombreux événements drainant des milliers de personnes. Cela va nous permettre d'avoir un armement qui sera efficace en cas de menace", estime-t-il.
"C'est une très mauvaise idée"
Mais cette décision ne fait pas l'unanimité et inquiète certains élus, à l'image de Samia Jaber, conseillère municipale d'opposition: "A partir du moment où on les arme, on les met dans une situation de danger important". Et de s'interroger: "Est-ce que les policiers municipaux seront formés autant que les policiers nationaux?" "Il y aura forcément des risques, peut-être d'escalade mais peut-être aussi de bavure, avance-t-elle encore. Je pense que ces questions ne peuvent pas se prendre sur un coup de tête, à la légère". Pour Bastien Faudot, lui aussi conseiller municipal d'opposition (MRC) à la mairie de Belfort, "c'est une très mauvaise idée, c'est même totalement absurde" de vouloir armer les policiers municipaux.
"On peut se poser de nombreuses questions sur la formation de ces agents, qui n'offrent à l'évidence pas toutes les garanties que peuvent offrir les policiers nationaux, argumente-t-il encore. La question n'est pas de savoir viser mais surtout de savoir quand est-ce qu'on est autorisé à sortir son arme, dans quel contexte. Or, les policiers municipaux ne sont pas aptes à décider dans des situations d'extrême tension. En effet, la police, à savoir la sécurisation des biens et des personnes, est une mission régalienne de l'Etat". En réponse, la mairie assure que ses policiers municipaux seront formés pendant trois semaines, et ce dès la rentrée.