Attentat de Nice: "Ma mère était encore au sol et on a subi des attaques islamophobes"

"Elle a malheureusement été la première parmi les 86 personnes décédées ce jour-là. Une mère de sept enfants, d’origine marocaine et musulmane". Fatima Charrihi a été tuée le 14 juillet 2016 lors de l’attentat sur la Promenade des Anglais, à Nice, perpétré par Mohamed Lahouaiej-Bouhlel au volant d’un camion, dont le procès s'ouvre ce lundi à Paris. Sa fille, Hanane Charrihi, déplore l’amalgame réalisé par certains et dénonce depuis six ans, notamment avec son livre "Ma mère patrie", les attaques islamophobes subies par sa famille.
"Dès les premiers instants de cet attentat, ma mère était encore au sol et on a subi des attaques islamophobes, explique-t-elle dans ‘Apolline Matin’ ce lundi sur RMC et RMC Story. Il y a des personnes qui nous ont dit : « c’est bien fait pour vous, cette fois-ci c’est votre tour ». Elle était encore au sol, c’est ma famille qui a subi ça. Moi, j’étais en région parisienne, je ne suis arrivée que le lendemain matin à Nice. Dans les jours qui ont suivi, ça a continué. On a subi deux agressions en une journée, dont une personne qui nous a dit clairement « tant mieux, ça en fait une en moins »."
"L’acharnement politico-médiatique n’a pas aidé les musulmans"
"Nous, les musulmans, on se dissocie complètement de ces personnes-là. On estime qu’ils n’ont rien à voir avec notre religion", ajoute Hanane Charrihi. "Il y a des choses que je n’ai pas comprises, comme lorsqu’on a demandé aux musulmans de se désolidariser, explique-t-elle sur RMC. Je n’ai pas saisi, en fait. Dans un premier temps, il faut être solidaire."
"Il (le terroriste) le fait au nom de l’islam mais c’est du fanatisme, souligne Hanane Charrihi. Ça existe depuis la nuit du temps. Voltaire a dit à l’époque, le fanatisme est un monstre qui se dit fils de la religion. Ce n’est pas une nouveauté, c’est quelque chose qui se répète dans l’histoire. Il faut mettre l’accent là-dessus: on n’a rien à faire avec ces gens-là."
Et Hanane Charrihi regrette une "impunité" pour les actes islamophobes: "Avec le recul, six ans après, je me dis clairement: qu’est-ce qu’il s’est passé pour que ces personnes agissent en toute impunité? Je vais être honnête avec vous, je pense que l’acharnement politico-médiatique n’a pas aidé les musulmans."