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Attentat de Nice: "sauvegarder les hommages est un devoir de mémoire, la polémique nous blesse"

Vue du kiosque à musique près de la Promenade des Anglais, à Nice, avant le déménagement des milliers d'objets qui y ont été déposés en hommage aux victimes de l'attentat du 14 juillet 2016.

Vue du kiosque à musique près de la Promenade des Anglais, à Nice, avant le déménagement des milliers d'objets qui y ont été déposés en hommage aux victimes de l'attentat du 14 juillet 2016. - Valéry Hache - AFP

Les d'objets déposés par des anonymes en mémoire des victimes de l'attentat de Nice, le 14 juillet 2016, ont été déplacés ce jeudi  pour être stockés aux Archives municipales de la ville voisine de Saint-Laurent-du-Var. Sur RMC.fr Emilie Petitjean, présidente de la Promenade des Anges, qui regroupe des victimes et leurs proches, se dit meurtrie par la polémique lancée par une autre association "qui ne représente pas vraiment les victimes", selon elle.

Emilie Petitjean est la présidente de l'association Promenade des anges – 14 juillet 2016, association d'entraide et défense des victimes et des familles de victimes de l'attentat de Nice. Elle a participé à la collecte des objets déposés en mémoire des victimes des attentats de Nice, du kiosque à musique du jardin Albert-1er sur la Promenade des Anglais vers les Archives municipales de la ville de Saint-Laurent-du-Var. Ces souvenirs seront ensuite recensés et inventorié avant d'être définitivement conservés dans un musée-hommage qui verra le jour dans les années qui viennent, à Nice.

"C'était essentiel de le faire parce que les objets déposés dans le kiosque ont subi les intempéries et on a envie de sauvegarder tous ces souvenirs. Il y a énormément de peluches, de dessins, de photos, et il nous a fallu dépêcher une quinzaine de véhicules et faire appel aux bonne volontés. Cette décision a été prise de manière collégiale par notre association avec des victimes et leurs proches, sur suggestion de la mairie. Nous avons donné notre accord pour épargner et sauvegarder ces objets. Le choix s'est porté sur Saint-Laurent-du-Var parce que c'est la seule salle de la région qui répond au label des Archives nationales, avec climatisation, équipement et personnel nécessaires au bon entretien de ces objets.

"Une pétition avec de fausses informations"

C'est forcément un moment difficile pour nous. Et il y eu cette polémique provoquée par une autre association qui ne représente pas vraiment les victimes de l'attentat de Nice, qui est vexée de ne pas avoir été consultée au même titre que notre association, la seule officielle des victimes de l'attentat. Ils ont publié une pétition avec de fausses informations, expliquant que le kiosque ne serait plus accessible, ce qui est faux puisqu'il restera un lieu de recueillement et de mémoire en attendant l'édification d'un musée. Le kiosque va être fermé pendant le carnaval pour des questions de sécurité, mais il va être de nouveau accessible à la fin des festivités et les gens pourront de nouveau s'y recueillir. On invite d'ailleurs tout ceux qui le souhaitent à continuer à y déposer des témoignages, qu'on archivera également quand ce sera nécessaire. Encore une fois, l'objectif c'est de sauvegarder tous les témoignages.

"J'ai été blessée par les commentaires injurieux"

On n'a pas bien saisi l'intérêt de cette polémique. Parce que conserver ces témoignages et objets, c'est un devoir de mémoire. A Paris cela avait été fait sans polémique. On n'a pas compris pourquoi il y a eu une telle réaction. Franchement, on l'a très mal reçu. J'ai reçu des commentaires injurieux et je me suis sentie très blessée et vexée. Même si cela ne m'était pas forcément destinée personnellement, forcément on le prend un peu pour soi. D'être jugée de la sorte quand on l'impression de faire beaucoup et de se battre pour les familles, ça fait très mal au cœur. D'autant que pour nous ce n'est pas évident non plus. Ça fait très mal d'entendre ce genre de discours".

Propos recueillis par Philippe Gril