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Attentats: les passages aux urgences pour cause de stress en forte augmentation

Hôpital Saint-Antoine, à Paris (Photo d'illustration).

Hôpital Saint-Antoine, à Paris (Photo d'illustration). - François Guillot - AFP

Les services des urgences parisiens ont vu affluer des centaines de personnes pour cause de stress après les attentats qui ont ensanglanté Paris, vendredi dernier. Un phénomène observé également en Province.

C'est l'une des conséquences des terribles attentats qui ont touché la capitale le week-end dernier. Les passages aux urgences pour cause de stress ont augmenté sensiblement, notamment en Ile-de-France. Un stress encore attisé par l'assaut des forces de police contre l'appartement de Saint-Denis dans lequel s'était réfugié le cerveau présumé des attentats, Abdelhamid Abaaoud.

Selon des chiffres fournis jeudi par l'INVS (Institut de veille sanitaire), 112 passages aux urgences pour stress ont été observés au cours de la seule journée de samedi, contre une quinzaine la veille à Paris et dans sa région. Après une baisse dimanche (30 passages), les passages aux urgences pour stress sont remontés à 70 lundi avant de retomber à 28 mardi. 70% de ces passages correspondent à des états de stress post-traumatique non suivis d'hospitalisation, note l'InVS.

"Des gens déjà fragilisés"

SOS Médecins a également constaté une recrudescence des appels ainsi que des visites à domicile en lien avec les attentats (une vingtaine ce week-end). "Parmi ceux qui appellent, il y a des gens choqués qui ont vécu les attentats de près ou de loin mais il y a également des gens déjà fragilisés par une dépression ou un stress qui décompensent ou encore des personnes frappées d'attaques de panique dans les transports en commun ou les magasins" explique le Dr Serge Smadja, président de SOS médecins Ile-de-France. Il précise que les appels se sont maintenus ces derniers jours, avec une "petite recrudescence" après l'opération à Saint-Denis.

"On se dit : 'Ça aurait pu m'arriver'"

Et ce sont les jeunes qui sont le plus concernés : la plupart des personnes qui sont allées aux urgences avaient entre 25 et 35 ans, note l'INVS. "Tout ce qu'il s'est passé vendredi concerne des gens jeunes, explique sur RMC Patrick Plaisance, chef du service des urgences de l'hôpital Lariboisière à Paris. Donc forcément on se calque sur ces personnes-là, en se disant 'ça aurait pu m'arriver, parce que je vais au bar le soir avec les copains, je vais au concert'…". "Ce qu'il faut et c'est très important – les cellules psychologiques servent à ça -, c'est parler. Moins la personne parle, plus elle aura des séquelles potentielles".

Même en province

Une augmentation des passages aux urgences que les hôpitaux de province ont également observée. Même loin de Paris, les cabinets de psychologues voient venir des patients apeurés après les attentats. Alain Zanger est psychologue à Douarnenez, dans le Finistère. Il raconte : "Ils essaient de se rassurer en se disant que Douarnenez n'est pas une grande ville, qu'on est loin de Paris. Pour certains on est dans l'ordre de l'angoisse, pour d'autres c'est juste une appréhension. Ça ne veut pas dire que c'est une peur qui inhibe - une peur qui inhibe ce serait une peur qui ferait qu'on n'oserait plus rien faire, ou qu'on aurait des problèmes de sommeil".

Même si, comme il le souligne, les habitants de sa ville sont géographiquement loin des attentats, il juge que cette peur est "une réaction adaptée, parce que ça peut arriver". "On peut avoir ce type de symptômes, ça peut arriver après ce genre de situation, ce n'est pas anormal, mais progressivement ces symptômes vont s'estomper et la personne va aller mieux".

Philippe Gril avec la rédaction et AFP