RMC
Police-Justice

Au coeur de la "brigade des mamans" qui maraude pour lutter contre l'insécurité dans leur quartier

placeholder video
Alors qu'un plan de lutte contre les trafics de drogue est présenté ce mardi par le gouvernement, certaines mères de famille s'organisent déjà d'elles-même pour contribuer à la tranquillité de leur quartier.

Un nouveau plan de lutte contre les trafics de drogue est présenté ce mardi à Marseille par quatre ministres dont Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur. L'objectif est de mieux coordonner les nombreux services qui luttent contre ce fléau.

Certaines n'ont pas attendu ce plan pour agir et lutter à leur manière contre les violences qui découlent, entre autres, du trafic de drogue. Des mères de familles organisent depuis trois semaines des maraudes nocturnes dans leur quartier de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne).

Elles oeuvrent dans le quartier depuis 2012 avec leur association Femmes Solidaires mais un drame les a poussé à aller plus loin dans leur engagement et à organiser ces maraudes.

"Occuper l'espace public pour qu'il n'y ait pas de zones de non-droit"

Dans la nuit du 9 au 10 août, Nicolas, un jeune homme de 23 ans est passé à tabac. Après dix jours dans le coma, il décède à l'hôpital. Des mères de famille qui estiment être des "ponts", des "médiatrices" entre les jeunes de ce quartier populaire et les institutions.

Réunies dans leur local, au coeur du quartier du Plateau, ces mamans ont vu le niveau de violence augmenter dangereusement. Alors elles ont pris les choses en main comme l'explique Fanta, la présidente de l'association.

"Rien que cette année on a perdu trois jeunes. Qu'on ne soit plus des spectatrices mais des actrices et des acteurs dans nos quartiers pour occuper l'espace public pour qu'il n'y ait pas de zones de non-droit."

"Le but n'est pas de les pourchasser mais de les ramener vers des activités légales"

Tous les soirs, elles enfilent un gilet orange et quadrillent le quartier. Fanta et sa brigade recherche surtout les jeunes, mineurs, qui traînent tard le soir. 

"Dès qu'ils nous voient ils prennent la fuite. Le but n'est pas de les pourchasser mais de les ramener vers des activités légales."

Elles changent les horaires pour brouiller les pistes. Fazia, 53 ans.

"Un jour à 21h, l'autre à 20h, ou à 23h. Ils ne savent pas donc on les coince directement."

Une démarche "responsable et généreuse", selon la maire PCF de la ville

Des jeunes qui connaissent bien cette brigade de mamans. Mohamed et Isaac sont mineurs et ils ont toujours la même réaction.

"Quand on les voit, on court c'est tout. On les respecte, on les connaît depuis qu'on est tout petits. Quand on les voit on court, on ne peut pas leur parler. Mais quand j'ai pas envie de rentrer je ne rentre pas, je reste dehors."

Les grand frères, eux, ont un peu plus de recul. Manny a écrit une chanson qui rend hommage à ces mamans. "On n'a pas toujours montré le bon exemple", reconnaît-il. 

Cette initiative des mamans est une démarche "responsable et généreuse", selon la maire PCF de la ville Sylvie Altman. D'autres mère de famille, d'un autre quartier, veulent même ouvrir une antenne de l'association pour mener elles aussi des maraudes nocturnes.

Rémi Ink et Romain Poisot (avec J.A.)