Black blocs: pourquoi les policiers n'interviennent-ils pas lors des manifestations?
La manifestation contre la loi sécurité globale samedi a encore une fois dégénéré. Une centaine de black bloc ont détruit des vitrines et déclenché des incendies s’en prenant aussi violemment aux forces de l’ordre, notamment dans les rues de Paris. Pour autant dans la capitale, aucun casseur n’a été placé en garde à vue, alors que de nombreuses images font état de violences.
"Il n’y a surement pas eu les autorisations nécessaires pour faire les interpellations", déplore ce lundi sur RMC, Grégory Joron secrétaire général du Syndicat SGP-Police-FO. "On doit agir pour éviter qu’ils arrivent dans les manifestations, une fois qu’ils y sont, c’est trop tard puisque c’est très compliqué de les interpeller", précise-t-il ajoutant qu’il y aurait une réticence des autorités pour envoyer les policiers au contact et déplorant qu'"une partie de la population ne se désolidarise pas assez vite".
"Si les forces de l’ordre ne bougent pas, c’est qu’ils n’ont pas l’ordre de le faire. Le maintien de l’ordre est soumis aux autorités civiles, c’est eux qui décident des manœuvres. Si vous dites aux policiers d'aller au contact, ils vont y aller", précise Grégory Joron.
Une analyse partagée par Laurent, un autre policier qui confirme que l'ordre ne vient pas. Une absence d'ordre liée à la peur que pourrait renvoyer de nouvelles images d'affrontements entre policiers et manifestants: "Est-ce que les politiques, les médias et les Français sont prêts à voir les images de policiers intervenir sur les black blocs ? Je ne pense pas. On n'aura jamais ces ordres parce qu'il y a des carrières derrière. Quand on intervient sur une manifestation, on sait qu'on ne pourra quasiment rien faire", raconte-t-il sur RMC.
"C'est de la responsabilité des politiques et non des policiers sur le terrain"
"Le maintien de l'ordre c'est le curseur. Que faut-il faire, intervenir et risquer d'avoir des blessés ou laisser brûler des commerces? C'est de la responsabilité des politiques et non des policiers sur le terrain", explique Grégory Joron.
En attendant, les commerçants déjà malmenés par la crise sanitaire et fermés plusieurs mois en raison des deux confinements, demandent de l'action: "A chaque fois qu’il y a un évènement on a des dégâts. On est quantité non-suffisante, on protège les manifestants mais pas les commerces", déplore Bernard Cohen-Hadad, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises Paris-Île-de-France (CPME). Alors pour éviter de nouveaux dégâts, ils demandent "une concertation avec le ministre de l'Intérieur, la maire de Paris et les commerçants".
"On est quantité non-suffisante, on protège les manifestants mais pas les commerces ni les riverains. On se sent abandonnés, désolés. On ne peut pas demander aux commerces d’assumer le risque de fermeture administrative et aussi le risque financier de ne pas pouvoir travailler sans compter les dommages physiques", déplore-t-il.
Samedi, le ministère de l'Intérieur a recensé 52.350 manifestants en France répartis sur 90 rassemblements. Par ailleurs, 95 personnes ont été interpellées et 67 policiers blessés lors des manifestations.