Booba contre Magali Berdah: des origines du conflit aux dernières décisions de justice

La guerre ouverte entre le rappeur Booba et Magali Berdah a pris un nouveau tournant. Pour la première fois depuis le début sa croisade contre les influenceurs, c'est "le duc de Boulogne" qui est visé par la justice. De son vrai nom Elie Yaffa, Booba a été mis en examen pour cyberharcèlement à l'encontre de Magali Berdah la PDG de l'agence d'influenceurs Shauna Events. Retour sur bientôt deux ans de guerre ouverte entre Booba et les influenceurs.
- Une fausse montre à l'origine du conflit
Si le rappeur aux 10 albums studios en solo est engagé contre ceux qu'il appelle les "influvoleurs", c'est à l'origine pour une simple histoire de montre. En décembre 2021, l'un d'eux, Marc Blata, accuse Booba d'avoir porté une fausse montre de luxe Richard Mille à l'occasion d'un shooting photo.
Une pique qui pousse "le duc de Boulogne" à répliquer en dénonçant le business de Marc Blata, qui fait à l'époque payer 500 euros à ses influenceurs pour dispenser ses "conseils" en matière de trading et de cryptomonnaies. Mais ceux qui paient perdent presque tout le temps leur mise.
- Magali Berdah et les "infuvoleurs" accusés de vendre n'importe quoi
Booba décide ensuite d'élargir sa lutte à tous les influenceurs. Et en particulier à Magali Berdah, la manageuse de l'agence d'influenceurs Shauna Events. Les influenceurs qu'elle gère sont accusés par de nombreux internautes de vendre des produits de piètre qualité en pratiquant le "drop-shipping", la vente à des prix élevés en prix tendus de produits achetés sur des sites chinois à très bas coûts.
Dans la foulée, le rappeur se met à récupérer des centaines de témoignages d'internautes floués et porte plainte en juillet 2022 contre X et contre Shauna Events pour "pratiques commerciales trompeuses".
- Harcèlement en ligne
Pour médiatiser son combat, Booba communique sur ses réseaux sociaux, où il totalise 6 millions d'abonnés. Il y tourne en dérision ses cibles, Magali Berdah donc, mais aussi d'autres influenceurs comme Dylan Thiry ou Maeva Ghennam. Le rappeur n'hésite pas à s'en prendre à leur physique.
Et dans la foulée, des "rate-pis" (verlan de pirates qui désigne certains fans du rappeur) s'attaquent aux cibles du rappeur et multiplient les insultes en ligne et le harcèlement numérique.
Le torrent d'injures pousse Magali Berdah à porter plainte à plusieurs reprises contre le rappeur. En juin 2022, le Pôle national de lutte contre la haine en ligne du parquet de Paris ouvre une enquête pour "menaces de mort", "harcèlement par un moyen de communication électronique" et "injure publique en raison de l’origine et du sexe".
C'est après les plaintes répétées de Magali Berdah que Booba a finalement été mis en examen ce lundi pour "harcèlement moral en ligne aggravé" et placé sous contrôle judiciaire. Outre l'instruction visant Booba, 28 personnes vont être jugées entre novembre et janvier devant le tribunal correctionnel de Paris pour cyberharcèlement aggravé, menaces de mort ou encore menaces de crime à l'encontre de Magali Berdah. Leur sont reprochés des messages tels que "On va te brûler", "Je vais te violer" sur les réseaux sociaux.
Malgré la mise en examen de Booba, les menaces se seraient poursuivies lundi soir, assure Magali Berdah ce mardi sur RMC et RMC Story: "Hier soir, il y a eu encore un effet de meute, donc j’ai pris encore beaucoup. Et il y a les conséquences de ces 16 mois d’enfer", a-t-elle raconté.
- L'Etat se saisit du problème
Entre-temps, les plus hautes autorités se sont saisies du problème et des pratiques douteuses des influenceurs. Le 1er juin, le Parlement adopte une proposition de loi transpartisane pour mieux encadrer le secteur. Le texte interdit désormais aux influenceurs la promotion de certains produits ou pratiques dangereuses et comprend des mesures pour réguler le marché.
- Booba s'en prend aux déboires judiciaires de Magali Berdah
Au lendemain de sa mise en examen, Booba a réagi ce mardi, sur les réseaux sociaux: "Toute mon action a été motivée par un seul but: dénoncer les influenceurs, la lâcheté, la culture du vide et l'arnaque (...) A aucun moment je n'ai cherché à harceler ou menacer quiconque", a assuré le rappeur sur Twitter avant de s'en prendre, encore une fois, à Magali Berdah, qu'il accuse de le cibler pour "cacher ses casseroles".
"Elle a escroqué un vieil homme de 96 ans, elle est en interdiction de gérer une entreprise depuis 2020 et jusqu'en 2025, elle doit un demi-million d'euros au fisc et 2 millions à des influenceurs. Elle sort de garde à vue pour être jugée en décembre pour banqueroute", détaille le rappeur de 46 ans.
"On comprend qu'elle soit anxieuse car elle est en train de se faire rattraper par la patrouille", conclut Booba.
Car la mise en examen du rappeur intervient quelques jours après le placement en garde à vue de la "papesse des influenceurs" Magali Berdah, pour des suspicions de "banqueroute" et "blanchiment" remontant à 2014 et 2015. Elle est accusée d'avoir mis en faillite une société disposant d’un passif financier estimé à 2,5 millions d’euros, un délit passible de cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende.
"Je n'ai rien à me reprocher", a lancé ce mardi sur RMC et RMC Story Magali Berdah concernant cette affaire. Réponse le 18 décembre au tribunal.