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"C'est incompréhensible, alarmant et inquiétant": émaillé d'incidents, le verdict du procès de Viry-Châtillon réveille la colère des policiers

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Les policiers déplorent un verdict trop peu dissuasif, évoquant une tentative d'assassinat. Le syndicat Alliance appelle à manifester devant les tribunaux mardi.

Plusieurs syndicats de policiers se sont indignés après le verdict en appel de la violente agression de policiers à Viry-Châtillon (Essonne) en 2016, brûlés lors de l'incendie de leurs véhicules. 

La cour d'assises des mineurs de Paris a condamné en appel cinq jeunes à des peines allant de 6 à 18 ans de réclusion criminelle et en a acquitté huit autres, des condamnations plus clémentes qu'en première instance. Au premier procès, huit jeunes avaient été reconnus coupables et condamnés à des peines allant de 10 à 20 ans de prison. Cinq autres avaient été acquittés. 

Cinq ans plus tard, Michel, dont la maison donne sur le carrefour où les voitures de police ont été incendiées, se souvient toujours aussi bien de la scène:

"Ça s'est passé sur le trottoir, il y avait deux voitures de police en flamme et deux policiers en flamme. C'était choquant. Il faut marquer l'opinion, si maintenant on laisse faire... Il y a tentative d'assassinat quand même, il faut de la fermeté".

Des peines de prison qui ne sont pas du tout assez dissuasives s'emporte Jean-Marie Vilain le maire de Viry-Châtillon:

"Six à huit ans quand vous essayez de tuer quelqu'un, je n'arrive pas à comprendre. Les policiers ils vont avoir toute leur vie en tête ces instants passés dans la voiture avec les flammes autour d'eux et des gens qui les empêchaient de sortir. On va se retrouver avec des policiers qui vont se dire, 'Pourquoi je fais mon métier'".

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"Ce verdict-là ne va pas arranger le sentiment d'impunité générale"

Pour les syndicats de police la justice a protégé les délinquants plutôt que ses policiers. "C'est incompréhensible, alarmant et inquiétant", déplore ce lundi matin sur RMC Guillaume Roux, secrétaire départemental du syndicat Unité-SGP Police dans l'Essonne.

"Cela renforce un sentiment d'impunité que l'on dénonce depuis trop longtemps. Il n'y avait pas besoin de cela aujourd'hui", ajoute-t-il alors que les jets de cocktails molotov sont "le quotidien de nos collègues".

"Ce verdict-là ne va pas arranger le sentiment d'impunité générale et le travail des policiers sur le terrain", estime le fonctionnaire, alors que le verdict a été émaillé d'incidents, plusieurs accusés commençant à se battre entre eux dans le box: 

"Je pense que cette bagarre montre qu'entre eux, il y avait certains arrangements et au prononcé du verdict, certains se sont vus acquittés alors que leur participation sans doute était connue et que ça a entraîné de l'incompréhension", croit savoir Guillaume Roux.

"On demande la reconnaissance au quotidien, car on fait face à une violence grandissante. On attend un soutien de Gérald Darmanin et du président de la République parce qu'aujourd'hui, les policiers ont besoin d'un soutien de leur hiérarchie", ajoute-t-il.

De son côté, le syndicat Alliance appelle à un rassemblement ce mardi devant tous les tribunaux de France pour protester contre ce verdict.

Jean-Baptiste Bourgeon (avec Guillaume Dussourt)