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"C'est son mari qui l'a empoisonnée": Claudine se bat pour sa fille plongée dans le coma depuis 2007

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TÉMOIGNAGE RMC. Depuis 2007, Sylvie est dans un état végétatif après avoir été victime d'un empoisonnement. Depuis, sa mère, Claudine, va la voir toutes les semaines. Elle reste persuadée que c'est son mari qui a empoisonné Sylvie. Ce dernier a pourtant bénéficié d'un non-lieu. Mais ce vendredi, il est jugé en correctionnelle à Evry-Courcouronnes pour "non-assistance à personne en danger".

Cela fait 15 ans qu'elle mène un véritable combat. Claudine Van de Velde aura 91 ans en mai. Depuis 2007, sa fille, Sylvie, est plongée dans un état végétatif, après un empoisonnement. Le mari de la victime, père de ses deux enfants, avait été mis en examen avant que l'instruction n'aboutisse à un non-lieu partiel faute d'éléments pour aller aux assises.

Ce vendredi, son procès pour non-assistance à personne en danger s'ouvre à Evry-Courcouronnes. Un procès que Claudine attend depuis 15 ans.

"Tous les mardis après-midi, je vais voir ma fille, je parle fort, ‘bonjour ma nénette, c’est maman’, je passe un petit moment avec elle, je lui raconte des choses. Elle entend, mais est-ce qu’elle comprend? Personne n’a été capable de me le dire", confie Claudine.

En 2007, Sylvie était en train de quitter son mari. Il prétend que ce jour-là, elle a tenté de se suicider. Mais pour Claudine, la vérité est tout autre. "Je suis persuadée que c’est lui qui l’a empoisonnée. Ma fille étant infirmière, si elle avait voulu se suicider, elle aurait pris un médicament qui ne l’aurait pas fait souffrir et elle serait morte rapidement. Elle ne serait pas restée 15 ans comme maintenant", estime-t-elle.

L'enquête pour tentative de meurtre aboutit à un non-lieu, faute d'éléments, mais Claudine et son avocat ont poursuivi son gendre pour non-assistance à personne en danger. Face à l'empoisonnement de sa femme, bien visible, son époux n'a pas réagi. Les secours n'ont été prévenu qu'après toute une nuit: les dommages subis par son cerveau étaient déjà irrémédiables.

"Je le hais"

Elle raconte: “Ce jour-là, ma fille s’est allongée l’après-midi pour faire la sieste. Elle a dit à mon gendre ‘je suis fatiguée, va chercher les enfants à l’école’ et mon gendre est parti chercher les enfants. Quand il est revenu, Sylvie était toujours sur sa chaise longue en train de dormir. Ils ont soupé et mon gendre est retourné voir Sylvie, elle était toujours sur sa chaise longue en train de dormir. Comme il voulait aller se coucher, il l’a prise et il l’a montée sur un lit. Là, les enfants ont constaté que Sylvie bavait, qu'elle grognait...Les enfants ont vu qu'elle n'allait pas bien. Il aurait dû le voir lui aussi!", s'indigne Claudine.

Les deux enfants de sa fille n'ont plus de contact avec elle. "Leur père n'a pas le droit de voir Sylvie, alors il a empêché ses enfants de venir lui rendre visite et de me voir", explique-t-elle. Aujourd'hui, elle fera face à son gendre au tribunal de Bobigny, pour la première fois depuis 15 ans.

"Je le hais parce que moi, je le rends responsable de tout ce qu’il se passe. Ma fille n’était pas dépressive, c’était une fonceuse, une travailleuse, elle avait deux beaux enfants. Tout ça, c’est gâché”, dénonce la nonagénaire.

Claudine espère que son gendre sera condamné ce vendredi à Evry pour quitter le tribunal peut-être enfin apaisée.

Lucile Pascanet avec Guillaume Descours