Championne de karaté, on m’a refusé l’entrée dans la police à cause de mon diabète

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Alizé Algier, championne du monde de karaté en 2014.
"J’ai commencé en septembre dernier les concours pour entrer dans la police. J’ai passé les écrits, les tests physiques, les tests psychotechniques, l’oral… En ayant tout réussi, il ne me restait que la visite médicale. Et à ce moment-là, je me suis vu refusée à cause de mon diabète. J’ai fait appel de la décision en août, et un comité se réunit mardi pour statuer sur mon cas. Je ne sais absolument pas si ce sera positif ou négatif.
C'est injuste, mais c’est surtout dommage. C’est une belle profession, j’étais très motivée. J’étais déçue que ce soit à cause du diabète que je ne puisse pas y avoir accès. J’ai été capable de réussir le concours. J’aurai été admise, je n’étais pas sur liste d’attente. Maintenant j’ai pris du recul, je me suis lancée dans une autre formation, il fallait que je trouve une autre voix: je suis en BTS Tourisme et je m’y épanouis.
"Dans ma pratique sportive ça ne me pose aucun problème"
Mais c’est dommage, parce que gérer son diabète, c’est une question d’habitude. Il faut apprendre à connaître son corps, mais c'est possible. Oui, il y a des personnes qui ont plus de mal à gérer cette maladie, mais il y a aussi des gens qui s’en sortent bien. Ce serait bien de pouvoir faire du cas par cas. Dans ma pratique sportive par exemple, ça ne me pose aucun problème.
Je suis devenu diabétique il y a trois ans. Un an plus tard j’étais championne du monde. Pour toutes les personnes qui avaient encore des doutes, ce que je peux comprendre, j’ai pu montrer qu’il n’y avait pas de souci à allier pratique de haut niveau et diabète. Je me teste régulièrement. Tous les trois mois j’ai un suivi à faire, les résultats sont toujours bons. Je suis en contact avec mon endocrinologue si j’ai des questions, j’ai des rendez-vous annuels pour faire des bilans.
"Il y a d’autres métiers 'interdits' : conducteur de transports en commun, hôtesse de l’air…"
Je n’étais pas au courant de ça avant de devenir diabétique. Il y a d’autres métiers 'interdits' : conducteur de transports en commun, hôtesse de l’air… Ce que je retiens, c’est surtout la notion de cas par cas. Il faudrait peut-être plus s’intéresser aux personnes, chercher à savoir si le diabète est bien équilibré, si tout va bien. Que ce ne soit pas un non catégorique, qu’on n’hésite pas à demander des résultats sanguins aux personnes concernées. Elles seraient d’accord, s’il le faut.
Je ne m’en cache pas: je suis diabétique, même dans la pratique du sport, je n’ai jamais eu de problème avec le regard des autres quand je m’injecte de l’insuline. Si finalement je suis autorisée à devenir policière, je vais bien réfléchir. C’est ce que je voulais faire à la base, mais je m’épanouis aussi dans ma formation actuelle. Mais même si l’appel est négatif, je sais que j’aurai essayé de faire bouger les choses. Même si finalement ça ne me sert pas à moi, peut être que ça servira aux générations futures".