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Coups injustifiés, nasses, lacrymogènes: des associations dénoncent la répression en manifestation

Alors que la colère contre la réforme des retraites s'intensifie après l'utilisation du 49.3 par le gouvernement puis le rejet des motions de censure, plusieurs associations dénoncent les méthodes de maintien de l'ordre, évoquant un usage abusif de la force et le recours aux "nasses", pourtant interdite par le Conseil d'Etat.

La CGT appelle à amplifier les manifestations après le rejet des motions de censure contre le gouvernement, ce lundi à l'Assemblée nationale. Dans la soirée, déjà, des rassemblements spontanés ont eu lieu à Paris, Dijon, Lille, Rennes ou encore Nantes et Strasbourg. Des rassemblements parfois sous tension. À Paris, des manifestants ont déambulé par petits groupes mobiles dans les arrondissements du centre, brûlant au passage des poubelles et des vélos. Les sapeurs-pompiers sont intervenus 240 fois, selon une source policière à l'AFP. En tout, les forces de l'ordre ont procédé à 234 interpellations à Paris, 287 en France.

Des interpellations parfois controversées, alors que de nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer les violences policières, à l'instar de plusieurs associations qui regrettent un usage disproportionné de la force.

Blessures impressionnantes

"Cela ne se passe pas bien du tout, il y a eu des tirs multiples de grenades lacrymogènes dans la foule", raconte Emmanuelle Jourdan-Chartier, présidente de la section lilloise de la Ligue des droits de l'homme et présente au rassemblement spontané de lundi. Des violences qui se répètent depuis jeudi et l'utilisation du 49-3. Ce soir-là, trois manifestants ont été blessés à la tête lors d'une charge de police: "Il y a des coups de matraque parfaitement injustifiés, c'était un cortège qui était pacifique", déplore-t-elle au micro de RMC.

Le même soir à Rennes, un manifestant est sorti du cortège avec une fracture impressionnante à la bouche. Visé, dit-il, par un tir de LBD. À Paris, lundi soir, c'est un policier qui a été filmé assénant un violent coup de poing à un manifestant, lui faisant perdre connaissance.

Sur 292 gardes à vue vendredi à Paris, 283 classées sans suite

Autre motif d'inquiétude, le retour d'une pratique controversée en manifestation, la nasse, qui consiste pour les forces de l'ordre à encercler un groupe de manifestants, en empêchant toute sortie. Enfin, nombres d'interpellations posent problème et sont souvent abusives, selon Samra Lambert du syndicat de la magistrature. Pour 292 gardes à vue vendredi à Paris, 283 ont été classées sans suite: "On estime que c'est un usage dévoyé de la garde à vue, au seul fin de casser les manifestations. Manifester, ce n'est pas une infraction", rappelle la magistrate.

De son côté, le syndicat des avocats de France dénonce des "dérives inacceptables", "dignes d'un pays autoritaire". "Ces violences ont été constatées partout en France, venant de nouveau confirmer qu’il ne s’agit pas de situations individuelles isolées mais bien d’une doctrine de maintien de l’ordre choisie et assumée", estime le syndicat dans un communiqué.

Sollicité par RMC, le ministère de l'Intérieur dit du maintien de l'ordre qu'il est conforme au degré de violences des manifestants. Ce mardi, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a adressé ses "remerciements appuyés" aux forces de l'ordre, mobilisées la veille.

Nicolas Traino (avec G.D.)