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Police-Justice

Des associations dénoncent une manifestation d'"extrême droite" devant un squat de migrants à Paris

Des associations dénoncent cette manifestation (photo d'illustration)

Des associations dénoncent cette manifestation (photo d'illustration) - GUILLEMETTE VILLEMIN / AFP

Un groupuscule d'extrême droite a manifesté devant un squat où vivent des migrants, en scandant "rentrez chez vous", dénoncent des associations de défense des exilés, mercredi.

Les associations de défense des exilés ont dénoncé mercredi une nouvelle "intimidation de l'extrême droite" après le rassemblement d'un groupuscule réclamant l'"expulsion" de jeunes migrants qui occupent depuis un mois une école désaffectée du XVIe arrondissement de Paris.

Une enquête a été ouverte dès mardi soir pour organisation d'une manifestation non déclarée et provocation à la haine raciale, a indiqué à l'AFP la préfecture de police.

Sur une vidéo postée mercredi sur Twitter par Utopia56, qui accompagne avec d'autres associations ces jeunes se présentant comme mineurs, on voit une vingtaine de manifestants du groupuscule "les Natifs" chanter "rentrez chez vous" en direction des migrants, devant cette école.

Sur une autre vidéo, on les voit se tenir derrière une banderole "Clandestins expulsion, Utopia dissolution !" lors de ce rassemblement organisé mardi soir.

Après la démission du maire de Saint-Brevin-les-Pins

"Hier soir, les 'natifs', milice d'extrême droite fondée par d'anciens membres de Génération identitaire (organisation dissoute en mars 2021, ndlr), étaient devant l'école désaffectée où survivent plus de 400 jeunes étrangers isolés à Paris. Malgré la menace, le gouvernement laisse faire", a déploré Utopia56.

"Cet événement est le dernier d'une longue série de tentatives d'intimidation de l'extrême droite" visant l'action d'Utopia56 notamment dans cette école, où la situation est "semblable aux épisodes récents de Saint-Brevin", dénonce l'association.

La semaine dernière, la démission du maire de Saint-Brevin-les-Pins après des mois de tensions autour du projet de centre d'accueil pour demandeurs d'asile (Cada) dans sa commune de Loire-Atlantique, a créé une onde de choc politique et une vague d'indignation nationale.

"Le silence du gouvernement est insupportable"

"Allons-nous devoir attendre un drame" dans cette école "pour faire réagir le gouvernement face aux violences d'extrême droite ?", a pour sa part interrogé sur Twitter la directrice générale de France terre d'asile, Delphine Rouilleault.

"Les exemples se multiplient partout sur le territoire et sont traités comme autant de cas isolés. Ils sont pourtant le fruit d'une stratégie organisée qu'il convient de dénoncer et surtout de combattre", a-t-elle ajouté.

"Le silence du gouvernement, déjà très long concernant le maire de Saint-Brevin, est insupportable", a abondé Manon Fillonneau, responsable des questions migratoires chez Amnesty international.

Le collectif assume

Sur son compte Telegram, le collectif parisien des "Natifs", créé en novembre 2021, a assumé son action dans une vidéo accompagnée d'un "message clair": "la place des clandestins est dans leur pays d'origine et les associations qui favorisent l'immigration illégale doivent être dissoutes".

Interrogée, la préfecture de la région Ile-de-France, à laquelle les associations réclament une "mise à l'abri" des 400 jeunes, n'a pas répondu à l'AFP.

AB avec AFP