RMC
Police-Justice

Des transactions de plus de 100.000 euros visées: les escroqueries aux billets factices en hausse alertent les autorités

L'assurance vie a fait le plein en 2019

L'assurance vie a fait le plein en 2019 - pxhere

En mars, près de Mulhouse, un vendeur de montres de luxe s'est vu remettre 80.000 euros en billets factices de 500 euros avec la mention "spécimen". Et les escroqueries de ce genre sont en hausse alertent les autorités.

Estampillés "poker", "spécimen", voire "Disneyland", des billets factices, dont la détention est légale et ne relève pas du faux monnayage, servent de plus en plus à des escroqueries pouvant atteindre plusieurs centaines de milliers d'euros, alerte lundi la police nationale.

Ces "billets Monopoly", qui reprennent l'apparence d'un billet officiel mais comportent une mention spéciale, peuvent s'acheter librement sur internet "en masse et pour pas grand-chose", notamment "des sites chinois comme Alibaba", explique à l'AFP le commissaire William Hippert, chef du service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco).

En 2021, 2.000 billets fac-similés ont été saisis par les forces de l'ordre ou remis à la Banque de France, un "chiffre forcément en dessous de la réalité", souligne le chef du Sirasco. Ces coupures spéciales ne sont pas tant utilisées pour tromper l'oeil du commerçant que pour des escroqueries de type "rip deal" ou "transaction pourrie": elles se font lors d'une transaction en liquide impliquant de fortes sommes d'argent pour acquérir un bien immobilier, un bijou précieux ou d'importantes quantités de marchandises.

80.000 euros de faux billets

En décembre, un particulier a vendu pour plus 60.000 euros de lingotins d'or et s'est retrouvé avec des liasses de 200 euros de billets avec l'inscription "poker", rapporte M. Hippert.

En novembre, les douaniers du poste-frontière de Modane ont découvert un million d'euros en fac-similés de 200 euros et une enquête a été ouverte pour identifier une équipe spécialisée dans le "rip-deal".

En mars, près de Mulhouse, un vendeur de montres de luxe s'est vu remettre 80.000 euros en billets factices de 500 euros avec la mention "spécimen".

Dépôt de plainte pas systématique

Le mode opératoire des escrocs, souvent originaire des Balkans, est particulièrement bien rodé pour mettre en confiance les victimes. Tirés à quatre épingles, ils donnent rendez-vous aux vendeurs - contactés via des sites spécialisés ou par le bouche-à-oreille - dans des salons de grands hôtels parisiens, de la Côte d'Azur ou à l'étranger, comme la Suisse, Monaco, Hong-Kong ou Singapour.

Les transactions en liquide "peuvent atteindre le million d'euros", souligne M. Hippert. Les acheteurs, qui viennent souvent à plusieurs, présentent alors de vrais billets dans une sacoche, qu'ils font circuler entre eux pour tromper la vigilance du vendeur et lui remettre finalement de fausses espèces. 

"Tout est basé sur la ruse et quasiment la prestidigitation", relève le commissaire. "Le temps que la victime s'aperçoive du tour de passe-passe en ouvrant la mallette dans la chambre d'hôtel, les escrocs ont déjà disparu" et le dépôt de plainte n'est pas systématique car "les biens n'ont pas tous été déclarés au fisc", ajoute-t-il.

>> A LIRE AUSSI - Jean-Luc Mélenchon veut "tout prendre" au-delà de 12 millions d'héritage: "Il veut appauvrir tout le monde"

La rédaction avec AFP