Jean-Luc Mélenchon veut "tout prendre" au-delà de 12 millions d'héritage: "Il veut appauvrir tout le monde"
Haro sur l'héritage. Jean-Luc Mélenchon veut taxer la succession au-delà de 12 millions d'euros. Et pas qu'un peu: "En-dessous de 120.000 euros d’héritage personnel, vous ne payez rien. Jusqu’à la catégorie suivante, cela représente la moitié des Français qui ne paie rien quelle que soit leur situation d’héritage", a-t-il assuré sur RTL et LCI dimanche. "Moi je propose de toucher aux 0,01% des gens qui touchent plus de 12 millions d’euros. Au-delà de 12 millions, je prends tout", a lancé le député.
Concrètement, le candidat de La France Insoumise veut récupérer tout l’argent transmis par des individus à leurs héritiers au-delà de 12 millions d’euros. En-dessous de 12 millions d’euros concernant les successions en filiation directe, il veut taxer entre 5 et 45% selon le montant de l’héritage. Les successions en filiation indirecte seraient plus fortement taxée, 45% entre frère et sœur, 55% entre oncle, tante et nièce ou neveu.
Il souhaite créer un statut d’adoption sociale, un partenariat civil signé entre l’hériter et le futur défunt les obligeant chacun à s’occuper de l’autre, permettant de taxer l’héritage selon les règles des filiations directes. Avec les recettes fiscales générées, Jean-Luc Mélenchon veut créer une allocation de 1000 euros pour chaque étudiant.
>> Tous les podcasts de RMC
"Il faut aussi défendre la méritocratie"
"L’impôt a toujours permis et servi à flécher les choix des particuliers. Si on laisse cette possibilité à des gens de toucher 12 millions d’euros par la seule grande loterie de la vie, on devrait quand même imposer des garde-fous pour que l’argent récupéré soit investi", note Pierre Rondeau, l’économiste du sport, sur RMC et RMC Story.
"Ces 12 millions ne doivent pas servir à être rentier mais à être réinvestis. Si l’on taxe, on doit conditionner par des abattements fiscaux, l’argent récupéré sur des investissements. Je suis personnellement opposé à une non-taxation de l’héritage. Il faut aussi défendre la méritocratie. Vous avez un bon salaire parce que vous l’avez mérité et pas parce que vous l’avez hérité", ajoute-t-il.
Et selon lui, cet impôt ne ferait pas fuir les ultra-riches du pays. "Toutes les études le démontrent, la lutte contre la fraude fiscale ne se fait pas en baissant les impôts, mais en accentuant les contrôles".
"Chaque succession mal préparée est un risque considérable que l’entreprise n’y survive pas"
"Les Français travaillent et épargnent beaucoup pour leurs enfants. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas trop taxer les héritages. En les taxant trop, on démolit les motivations et l’économie elle-même", assure Jean-Philippe Delsol, avocat fiscaliste, membre de l’institut de recherche économique et fiscale, qui rappelle que les impôts sur la succession ont été abolis dans beaucoup de pays européens en filiation directe comme au Portugal, en Suède, en Autriche, en Norvège ou en République tchèque. "Là où ils existent encore, ils sont à des taux modérés comme en Italie ou en Allemagne, où l’on taxe au-dessus de 26 millions à hauteur de 30%", précise le fiscaliste qui craint un appauvrissement général.
"On va avoir un problème de succession pour chacune des grosses entreprises. Or, chaque succession mal préparée est un risque considérable que l’entreprise n’y survive pas. En mettant en place une telle taxation, on va faire mourir les entreprises. Faire mourir les entreprises, c’est faire mourir les emplois. Jean-Luc Mélenchon veut appauvrir tout le monde", prédit Jean-Philippe Delsol.
>> A LIRE AUSSI - Policiers, quartiers, harcèlement de rue... les annonces d'Emmanuel Macron sur la sécurité