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Evénements sportifs, maintien de l'ordre: c'est quoi le problème en France?

Les incidents aux abords du Stade de France samedi soir et dimanche à Saint-Etienne posent la question de la stratégie de maintien de l'ordre lors de gros événements sportifs. Des situations qui sont de moins en moins gérées tout au long de l'année, avec les interdictions de déplacements de supporters qui sont devenues la norme.

La question du maintien de l’ordre se pose après les débordements autour du Stade de France, samedi soir lors de la finale de la Ligue des champions. Il y a clairement eu des failles importantes dans l'organisation de cette finale et dans la stratégie de maintien de l'ordre.

Premièrement, il y a eu un problème d'acheminement des supporters. Tout le monde se pressait au même endroit. Résultat: des phénomènes de goulots d'étranglement, d'étouffement, de compression. Une situation qui s’explique notamment par la grève sur le RER A et B.

La police a également été mise en cause pour avoir utilisé beaucoup de gaz lacrymogène samedi soir. Les représentants des forces de l'ordre ont assuré que ce gaz lacrymogène était utilisé par sécurité, pour disperser la foule. C'est une doctrine très française, tenir à distance. Il suffit d'avoir fait des manifestation de Gilets Jaunes, des marches pour le climat, des manifestations du 1er mai, pour le savoir.

Mais cette stratégie de maintien de l'ordre peut parfois poser problème. Et on en a vu un exemple très parlant samedi soir. D’abord, parce que c'est un moyen efficace pour disperser une foule agressive, mais c'est un moyen un peu aveugle, aussi. Samedi soir, il y avait des familles, des enfants, des supporters munis de billets, qui ont reçu du gaz.

La presse britannique l'a d'ailleurs beaucoup souligné le lendemain de la finale, avec beaucoup de témoignages. Est-ce que ce gaz lacrymogène est efficace lors de ce genre d'événements ? La question se pose. Dimanche soir, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, disait d'ailleurs regretter que ce gaz ait pu toucher de simples spectateurs venus voir le match.

Comment ça se passe à l'étranger ? On peut prendre l'exemple de la dernière Coupe du monde de football, en Russie. RMC y était et nos reporters ont constaté que lors de la finale, France-Croatie, pour accéder au stade, les supporters devaient faire un long parcours, de 5 à 6 km, soit presque une heure de marche. Une marche encadrée par des policiers. Il fallait marcher jusqu'à l'entrée du stade, sans jamais s'arrêter. Et cela permettait d'éviter ces fameux goulots d'étranglement, qu'on a vu samedi soir au Stade de France, ces moments d'attente, qui peuvent devenir dangereux.

Des interdictions de déplacements trop récurrentes

En Grande-Bretagne, ce sont souvent des policiers à cheval qui sont sur le terrain. C'est très impressionnant et les policiers les utilisent notamment pour diriger les supporters ou isoler les éléments les plus problématiques. En Belgique, les forces de l'ordre font beaucoup de communication. Bref, il y a d'autres méthodes.

Il y a eu aussi le problème des faux billets et là aussi, peut-être, d'organisation des forces de l'ordre. C'est le quotidien espagnol Marca qui relève ce problème. Il explique que dès la fin d'après-midi, beaucoup de gens essayaient de revendre des billets, que beaucoup d'autres étaient à la recherche d'un moyen d'accéder à la finale.

Peut-être que plus de contrôles en amont, dès la fin d'après-midi, auraient permis de saisir ces billets, pour éviter que des supporters ne les achètent, et qu'ils se rendent ensuite au stade, amplifiant les problèmes de foule déjà très importants sur place.

Ce qui est certain, c'est que presque automatiquement aujourd'hui, dès qu'il y a un risque de débordement, les déplacements de supporters pour les matchs à l’extérieur sont interdits en France. C'est une réponse de plus en plus fréquente des autorités. C'est très souvent le cas par exemple dans les derbys ou dans les rencontres symboliques, les supporters de l'OM n'avaient pas pu se rendre à Paris mi-avril pour le classique de la Ligue 1 contre le PSG.

Le problème, c'est qu'à force, les forces de l’ordre et les préfectures ne savent plus gérer les foules et les moments tendus. Et on peut arriver à ce genre de débordements constatés samedi soir.

Rémi Ink