Incidents au Stade de France: "Le fait générateur, c’est les faux billets" selon l'Intérieur
Une grande réunion, entre tous les acteurs de l'organisation de la finale de la Ligue des champions, pour analyser et comprendre. Pourquoi le chaos s’est-il répandu aux abords du Stade de France samedi soir, avant l’affrontement entre le Real Madrid et Liverpool ? Pourquoi le coup d’envoi a-t-il dû être reporté de 30 minutes ? Pourquoi des supporters anglais sont-ils repartis chez eux ce dimanche avec l’envie de ne plus revenir voir un match en France ? Pourquoi ont-ils été visés par des vols, des agressions, ainsi que par des jets de gaz lacrymogène ? Pour le ministère de l’Intérieur, tout est parti du volume conséquent de faux billets avec lesquels les fans de Liverpool sont arrivés au Stade de France.
"Il y a plein de personnes qui sont arrivées au pré-filtrage, aux abords du Stade de France, avec des billets en main au format papier, qui ont passé ce pré-filtrage, explique Camille Chaize, porte-parole du ministère de l’Intérieur, dans "Apolline Matin" ce lundi sur RMC et RMC Story. Et une fois arrivées aux portes du Stade de France, elles ont été refoulées parce que le billet ne fonctionnait pas, au moment du scan. Il y a des gens qui ont semble-t-il acheté en masse des billets au marché noir. Il y a une fraude massive sur ces faux billets, qu’on va devoir comprendre. C’est pour cela qu’il y a cette réunion au ministre des Sports. C’est une responsabilité partagée, un résultat collectif. L’UEFA et la FFF, qui sont les garants de la sécurité à l’intérieur du stade et aux abords immédiats, n’ont pas pu faire face à cet afflux de personnes avec des faux billets."
"Le fait générateur, ce sont ces faux billets vendus en masse aux supporters anglais, assure la porte-parole de l’Intérieur. Après, les pré-filtrages ont été lâchés pour certains pour éviter les mouvements de foule, parce qu’on sait que ça peut entraîner des blessés voire des drames, comme il y a quelques années en Belgique. Le choix a été fait de privilégier l’entrée de personnes qui n’avaient peut-être pas de billets. Et dedans, il y avait des supporters, mais pas que. Il y avait aussi un certain nombre de délinquants opportunistes, qui voulaient agresser ou voler."
Le tweet de Gérald Darmanin, "pas une erreur"
Gérald Darmanin, le ministère de l’Intérieur, a directement accusé les supporters britanniques comme responsables de la situation samedi soir au Stade de France, dans un tweet. A-t-il vu juste ? "Ce n’était pas une erreur, estime Camille Chaize. C’était le fait générateur. Le problème de départ, c’est cette existence de faux billets de manière généralisée. Quand on achète au marché noir, la bonne foi est relative. Pourquoi il y avait autant de billets papiers ? Apparemment, c’était une demande du club de Liverpool."
La gestion de ce grand évènement au Stade de France inquiète forcément, à un an de la Coupe du monde de rugby en France, et à deux ans des Jeux olympiques de Paris. "Il faut un retour d’expérience vraiment solide, confirme la porte-parole du ministère de l’Intérieur. Ça nous apprend aussi, et il faut retenir pour la Coupe du monde de rugby et les JO, qui auront des physionomies extrêmement différentes. On n’aura pas ces supporters en aussi grand nombre. Le monde du sport, la FFF, l’UEFA, doit réfléchir sur la délivrance des billets. Peut-être passer au tout numérique, qui éviterait ces problèmes."
"En revanche, ça nous apprend plusieurs choses, ajoute-t-elle. Pour les forces de l’ordre, d’être beaucoup plus mobiles. Quand la zone de pré-filtrage, qui est gérée par la FFF, l’UEFA et la sécurité privée, dysfonctionne, il faut que les forces de l’ordre puissent intervenir, de manière plus mobile. Ça nous apprend aussi qu’il faut qu’on couple des dispositifs de lutte contre la délinquance aux dispositifs de maintien de l’ordre. On ne peut pas se satisfaire d’un seul dispositif de maintien de l’ordre, quand on voit de la délinquance opportuniste qui vient voler, agresser."
"Il faut peut-être qu’on envisage, pas seulement le scénario qui fonctionne bien, mais aussi les débordements possibles", estime aussi Camille Chaize, qui promet malgré tout que les dispositifs seront au point à l’avenir, surtout en 2024. "Ce qu’il s’est passé samedi soir est totalement déplorable, reconnait-elle. La responsabilité est globale et partagée. On est prêt, on travaille d’arrache-pied pour l’organisation des JO. On travaille sur la cyber-sécurité, qui est un énorme enjeu. Ça nous motive aussi à travailler davantage sur la professionnalisation de la sécurité privée. On sera au rendez-vous des JO."