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Adel Kermiche "n'arrêtait pas de répéter qu'il fallait aller tuer les soldats de Bachar al-Assad"

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- - MATTHIEU ALEXANDRE / AFP

TEMOIGNAGES – Formellement identifié comme l'un des terroristes de l'attentat à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), Adel Kermiche, 19 ans, avait tenté par deux fois en 2015 de gagner la Syrie et avait été l'objet d'une fiche S. Ceux qui ont grandi avec lui le racontent.

Il était à peine majeur, avait tenté par deux fois de rejoindre la Syrie et avait parlé de "faire une église": Adel Kermiche était l'un des deux auteurs du meurtre mardi d'un prêtre à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime). Né le 25 mars 1997 à Mont-Saint-Aignan, une commune proche de Rouen, Adel Kermiche était au moment des faits sous bracelet électronique et avait fait l'objet d'une fiche S.

Plus précisément, en mars 2015, encore mineur, il tente une première fois de rallier la Syrie. Sa disparition est signalée par l'un de ses proches, il est alors interpellé en Allemagne alors qu'il utilisait la carte d'identité de son frère. "C'est la première fois que l'on voyait quelqu'un qui voulait partir en Syrie, se souvient sur RMC, Mohamed qui a grandi dans le même quartier qu'Adel. Nous, on entendait que ça à la télé. Du coup, on lui a demandé ce qui lui arrivait. Il nous répondait que c'est lui qui avait raison, que nous avions tort. Il était buté dans sa tête".

"Il a sali sa famille"

"Il n'arrêtait pas de répéter qu'il fallait aller tuer les soldats de Bachar al-Assad. Mais il n'avait pas parlé de tuer des civils. Je n'ai jamais entendu ça de sa bouche, certifie encore Mohamed. Il disait: 'Tuer des soldats de Bachar al-Assad', 'Combattre avec mes frères'. Et ses frères c'est qui du coup? L'Etat islamique…" Et d'estimer: "Il a sali sa famille".

Mis en examen le 28 mars 2015 pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, Adel Kermiche est placé sous contrôle judiciaire avec notamment l'interdiction de quitter le département de la Seine-Maritime. Un régime qu'il va violer en tentant de repartir pour la Syrie. Un mandat d'arrêt international est établi à son encontre. Le 13 mai 2015, en provenance de Suisse, il est localisé en Turquie. Cette fois-ci, il portait sur lui la carte d'identité de son cousin. Remis aux autorités françaises, il est à nouveau mis en examen et placé en détention provisoire.

"Je ne comprends pas"

Aujourd'hui, Hanane, qui a grandi avec Adel et est très proche de sa famille, ne comprend pas comment son ami d'enfance n'a pas été plus encadré après ses tentatives pour rejoindre la Syrie: "A partir du moment où l'on sait qu'il a voulu combattre, qu'il a voulu aller en Syrie, qu'il a été emprisonné pendant un an et que, du jour au lendemain, on le remet en liberté avec un bracelet, pourquoi le laisser en liberté? Je ne comprends pas".

"Je ne demande pas de l'attacher ou quoi que ce soit. Non. Mais il faut quand même qu'il y ait des mesures de sécurité, assure-t-elle. Après, quant à ses intentions, je me dis qu'il y avait peut-être du monde derrière lui. Des gens qui l'ont poussé à faire ces choses horribles, à faire ces actes de barbarie. C'est inadmissible".

Maxime Ricard avec Marion Dubreuil