Attaques contre les prisons: les surveillants réclament des actes, Retailleau promet de "mettre le paquet"

Après plus de 10 jours de tensions autour de nombreux établissements pénitentiaires, avec des prisons ciblées mais aussi des domiciles d’agents attaqués, François Bayrou, Gérald Darmanin et Bruno Retailleau doivent se rendre ce mercredi après-midi à la prison de Saint-Quentin-Fallavier en Isère.
C’est là que travaille l’un des agents dont la maison a été ciblée ce week-end par des tirs à la kalachnikov. L’objectif du déplacement du Premier ministre, du garde des Sceaux et du ministre de l'Intérieur est de témoigner le soutien du gouvernement à l’ensemble de l’administration pénitentiaire.
Mais sur place, les agents pénitentiaires de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, marqués par cette attaque, attendent surtout des annonces concrètes: "On craint qu'il n'y ait aucune réaction concrète", déplore Coralie Mary, déléguée UFAP UNSA à Saint-Quentin-Fallavier.
Comment mieux protéger les agents pénitentiaires à l'extérieur des prisons?
Parmi ces actions concrètes, la syndicaliste demande "des logements attribués plus éloignés". "On s'expose à plus de risque en habitant près de la prison" et les agents peuvent parfois rencontrer des prisonniers en liberté conditionnelle ou en permission de sortie dans leur vie quotidienne. À cela s’ajoute des demandes pour mieux sécuriser les sites pénitentiaires et les parkings des employés.
Pour Dominique Verrière, secrétaire régional Ufap-Unsa Justice Lyon, "la violence est là partout tout le temps en détention" et elle "est devenue visible du grand public en sortant des murs". Le syndicaliste préférerait que les ministres "légifèrent" en faveur des surveillants pénitentiaires "et prennent des budgets suffisants pour qu'on puisse fonctionner".
"Venir se déplacer et nous taper sur l'épaule, c'est bien mais ce n'est pas ce qui fait mon quotidien. Les actions d'éclat je préfère qu'elles se passent dans les alcôves ministérielles pour être efficace et pas pour être en représentation", déplore le syndicaliste sur RMC Story.
"Cela fait un moment que l'administration pénitentiaire est abandonnée du politique. On rend des décisions de justice et derrière les collègues se retrouvent avec des moyens dérisoires pour travailler. On est en souffrance vis-à-vis de la surpopulation carcérale et je ne vois pas grand monde lutter là-haut", ajoute Dominique Verrière.
Retailleau sur RMC-BFMTV: "Nous les aurons"
Tirs à l'arme automatique, véhicules incendiés, depuis le début du mois d'avril, 65 attaques contre des prisons ont été recensées selon le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau et le Parquet national antiterroriste (Pnat) a été saisi pour 13 de ces incidents.
Invité de RMC et BFMTV, le pensionnaire de la place Beauvau se défend et assure "que l'on ne peut maîtriser une telle situation en si peu de temps".
"Je ne suis pas prestidigitateur", concède-t-il.
"On met le paquet, la mobilisation est forte, 125 enquêteurs sont mobilisés. Rapidement nous aurons des résultats, nous les aurons, les petites mains mais aussi les donneurs d'ordre, comme pour Mohamed Amra".
Selon lui, le Pnat privilégie trois pistes, celle de l'ultragauche, du narcotrafic ou de l'ingérence étrangère.