"Aucune légitime défense": le combat d’un homme touché par un tir injustifié de la BRI à Besançon

À Besançon, un homme d’une trentaine d’années dénonce la lenteur de la justice. Le 13 juin 2023, il a été blessé par balle par des policiers de la BRI Dijon qui venaient interpeller un suspect chez lui, dans le quartier sensible de Planoise, haut lieu du trafic de drogue. Non seulement l’homme recherché n’était pas là, mais celui qui a été blessé n’avait rien à voir dans cette affaire et n’était pas armé.
La victime a écopé de deux mois d'ITT et subit encore un fort retentissement psychologique. La balle qu'il a reçue n'est pas passée loin du coeur, il a encore des séquelles physiques, selon son avocat.
La responsabilité de la BRI est clairement pointée du doigt dans l’enquête. Pourtant, la procédure judiciaire piétine. À ce stade, le policier qui a ouvert le feu ne fait l'objet d'aucune poursuite judiciaire. Alors, ce jeune homme a décidé de saisir directement un juge d’instruction.
Une vidéo accablante
Ce matin du 13 juin 2023, la BRI sait qu’elle intervient chez un délinquant chevronné. Dans l’appartement, un chien aboie, les policiers sont nerveux. Et dès qu’un homme torse nu ouvre la porte, un agent tire et le blesse grièvement. Une caméra a tout enregistré, précise l’avocat du jeune homme, Me Christophe Bernard:
“Cette vidéo, elle est accablante parce qu’elle prouve, dans la même seconde, mon client ouvre la porte et se fait tirer dessus”.
Or, le jeune homme n’était pas armé et ce n’est pas lui que les policiers venaient interpeller. Le tireur de la BRI a été interrogé par les enquêteurs de l’IGPN, dont les conclusions sont limpides, résume l’avocat.
“L’IGPN vient conclure que le tir n’était pas nécessaire et qu’il n'y a surtout aucune légitime défense”.
Ce rapport d’enquête a été remis au parquet de Besançon dès le mois de janvier. Mais depuis, “nous sommes face à la loi du silence. Le parquet a eu connaissance de ces conclusions d’IGPN mais le ministère public a décidé de ne pas réagir. C’est le mutisme le plus complet”.
Me Bernard et son client ont donc porté plainte avec constitution de partie civile pour qu’un juge d’instruction reprenne cette affaire.