"C'est triste de devoir en arriver aux gestes": la religieuse qui a plaqué un militant écolo témoigne

C'est une bagarre surréaliste. Une religieuse, voile bleu sur la tête, a été filmée agrippant puis plaquant au sol un militant écologiste. La scène s'est déroulée ce lundi à Saint-Pierre-de-Colombier, un petit village ardéchois de 400 habitants, où des associations et des habitants se battent depuis plusieurs années autour de la construction d'un centre religieux de 19.000 m² en pleine nature.
La tension montait depuis plusieurs jours sur le chantier quand lundi, des militants venus arrêter les travaux, ont fait face à des religieux, bien décidés à protéger les lieux: "Je me suis dit que j'allais attraper les tubes (de gouttières) qui leur permettaient de mettre leurs mains dedans, et de s'accrocher avant de s'enchaîner à la machine", raconte à RMC Sœur Benoîte, auteure du plaquage sur un militant.
Elle nous explique que, dans le feu de l'action, ce plaquage était à ses yeux le "moyen le plus simple" de stopper le militant écologiste qui courait. "On ne se rend même pas compte du geste qu'on fait", concède-t-elle.
"C'est toujours triste, quand les paroles ne suffisent plus, de devoir en arriver aux gestes", déplore la religieuse.
"Aucune infraction constatée"
Selon les opposants, la construction du centre religieux met en danger plusieurs espèces protégées. Pierrot Pantel, chargé de mission juridique de l’association nationale pour la biodiversité:
"Tout le monde est au courant de la reprise de ces travaux, sans les autorisations environnementales nécessaires. Malheureusement on a été contraints d'intervenir pour faire cesser ces travaux qui sont irréversibles", assure-t-il.
Faux, répondent le maire de la commune et la Famille Missionnaire de Notre-Dame, à l’origine du projet: "Des opposants ont déposé plusieurs fois des plaintes pénales qui ont été classées sans suite", dénonce Frère Clément Marie, l’un des membres de la communauté. "Donc il n'y a jamais eu aucune infraction constatée. Ce que l'on demande c'est de s'inscrire dans le cadre légal et la suite logique, c'est que le chantier reprenne", ajoute-t-il.
Deux camps opposés qui sont chacun invités à une réunion avec la préfète de l’Ardèche jeudi. Cette dernière prévient : pas question de revenir sur le projet.