"Ça me rend malade": après les tags de l'étoile de David à Paris, forte émotion et enquête lancée

Les actes antisémites (menaces, alertes à la bombe, insultes...) se multiplient depuis le début du conflit israélo-palestinien le 7 octobre, avec un total de 857 annoncé par le ministère de l’Intérieur ce mardi, pour 425 interpellations. Depuis ce week-end, des dizaines d'étoiles de David bleues ont été taguées sur des façades à Paris et dans les départements limitrophes. Initialement à Saint-Ouen, Aubervilliers et Saint-Denis, mais depuis, aussi à Vanves, Fontenay, Clamart, Issy et dans le 14e arrondissement de Paris. Les mairies ont porté plainte.
Des enquêtes ont été ouvertes par les parquets de Paris et de Bobigny, pour dégradation du bien d’autrui aggravée par la circonstance que c’est en raison de l’origine, la race, l’ethnie ou la religion. Le gouvernement appelle les concitoyens de confession juive à prévenir les forces de l'ordre lorsqu'ils en sont témoins, pour que les auteurs soient arrêtés et confrontés à la justice.
Dans le 14e arrondissement de Paris, l’émotion est forte. Sylvia et Marie ont sillonné le quartier, suivi les étoiles bleues sur les murs, pour recenser et alerter. "Le traumatisme de mes parents, qui ont survécu à la Shoah, voilà ce que ça me rappelle. Ça me rend malade! Ils ne sont plus là. Et 80 ans après, ça recommence", confie Marie. "Moi, je perds mes mots, je n’arrive pas à comprendre, ajoute Sylvia. Cela va être quoi l’étape suivante? C’est ce qui nous affole."
C’est toute la communauté qui est sidérée, témoigne le président de la synagogue du quartier, Hervé Afriat: "On se sent ciblé, menacé. Pourquoi? Qu’est-ce qu’on a à voir avec le Hamas et Gaza, et avec Israël et Tsahal qui répond?". Les regards des fidèles sont résignés. La plupart des tags ont été effacés mais le quartier, disent-ils, reste marqué.
Qui se cache derrière ces tags?
Les enquêteurs, eux, cherchent à savoir qui se cache derrière ces tags. S'agit-il du même pochoir et de la même peinture bleue qui ont été utilisés sur les murs de Saint-Ouen, Saint Denis, et de plusieurs arrondissements parisiens? Les policiers ont procédé à de nombreux prélèvements et s'appuieront aussi sur les caméras de surveillance des villes, pour tenter d'identifier d'éventuels suspects.
Ces étoiles viennent parfois signaler des bâtiments où vivent des familles de confession de juive, mais pas systématiquement. L'objectif recherché, d’après une source policière, c'est avant tout de saturer l'espace. Mais il n'est pas établi que ses tags aient pour objectif d’insulter le peuple juif. Ils peuvent aussi en revendiquer l’appartenance, selon une source judiciaire. L'une des hypothèses, en tous cas, c'est qu'il s'agit d'une action militante et réfléchie.
Depuis lundi, en Seine-Saint-Denis, les patrouilles de nuit ont été augmentées. La dégradation du bien d’autrui, aggravée par la circonstance que c’est en raison de l’origine, la race, l’ethnie ou la religion, est un délit puni de quatre ans de prison et 30.000 euros d'amende.