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"Ils amputent sans anesthésie": Médecins du monde alerte sur la situation dans les hôpitaux de Gaza

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Dans la bande de Gaza, assiégée et bombardée depuis l'attaque terroriste du Hamas en Israël le 7 octobre, les hôpitaux manquent de tout et font de la médecine de guerre de "bas niveau", alerte le vice-président de Médecins du monde sur RMC. Et selon lui, le déplacement des populations vers le sud du territoire palestinien est impossible.

La situation est toujours difficile dans la bande de Gaza, assiégée par l'armée israélienne et bombardée sans relâche par Tsahal depuis l'attaque terroriste du Hamas le 7 octobre. Si les communications sont revenues ce dimanche, la situation sanitaire est très inquiétante. "Il y a des quantités phénoménales de blessés et de malades", alerte dans Apolline Matin, ce lundi sur RMC et RMC Story, Jean-François Corty, vice-président de l'ONG Médecins du monde qui emploie comme médecins et coordinateurs une vingtaine de personnes dans la bande de Gaza, essentiellement des locaux.

Les médecins de l'ONG ne peuvent presque plus soigner les nombreuses victimes. "Ils vivent la même situation que les Gazaouis, ils dorment dans les voitures et cherchent de l'eau. Ils sont presque inopérants", explique Jean-François Corty.

"Ils soignent à la lueur de leur lampe de téléphone quand ils peuvent les recharger, ils manquent de médicaments, font des césariennes et amputent sans anesthésie", raconte-t-il.

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Des hôpitaux transformés en "mouroirs"

Une situation qui touche presque tous les hôpitaux de la bande de Gaza, où vivent 2,4 millions de personnes. Les dix hôpitaux de la partie nord sont quasiment tous inopérants: "Ce sont des mouroirs où l'on arrive à faire de la médecine de guerre de bas niveau", assure Jean-François Corty. "Il n'y a plus de médicaments pour faire de la médecine de guerre de base, plus de fioul pour faire tourner les générateurs", ajoute le praticien.

Mais les civils continuent de rejoindre les établissements de santé. Environ 14.000 personnes se trouveraient au sein de l'hôpital Al-Qods dans le nord de la bande de Gaza: "Il y a des soignants, des blessés, des malades, des familles et aussi des civils qui espèrent trouver un sanctuaire pour se protéger parce qu'ils ont perdu leur habitat", détaille le vice-président de Médecins du monde.

Et alors que la menace d'une offensive terrestre plane sur le nord de la bande de Gaza, les populations veulent rejoindre le sud, comme le demandent les autorités israéliennes. "C'est impossible de déplacer des milliers de malades et de blessés dans des contextes cliniques instables sans logistique, ambulance ou avion", prévient Jean-François Corty.

L'invité du jour : Jean-François Corty - 30/10
L'invité du jour : Jean-François Corty - 30/10
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L'aide humanitaire "sous-calibrée" et instrumentalisée à des fins militaires

L'aide humanitaire continue d'arriver au compte-gouttes. Depuis l'ouverture du poste frontière de Rafah à la frontière égyptienne le 21 octobre dernier, seuls 120 camions ont pénétré sur le territoire de la bande de Gaza. Insuffisant pour pallier aux besoins des populations civiles, alors que 300 à 400 camions entrent à Gaza quotidiennement en temps normal. "L'aide est sous-calibrée par rapport à la réalité des besoins", déplore le praticien.

"Lorsqu'on assoiffe et affame une population, qu'on la bombarde massivement et qu'on veut la déplacer dans le sud en disant qu'il y aura de l'aide qui n'est pas présente, c'est une instrumentalisation de l'aide à des fins militaires qui n'est acceptable et condamnable par le droit international", tacle Jean-François Corty.

"La France doit demander un cessez-le-feu, et qu'elle mette des mots sur ce qu'il se passe en dénonçant", appelle le vice-président de Médecins du monde, rappelant qu'une soixantaine d'employés de l'ONU ont été tués, tout comme des dizaines de membres du Croissant rouge. "Les humanitaires ne sont quasiment plus opérants", conclut-il.

Guillaume Dussourt